Le plan de la villa dessine un damier incomplet. Les pièces sans étage sont quelquefois augmentées de terrasses carrées ; elles se raccrochent l'une à l'autre par les coins, reliés au besoin par des allées couvertes. Les constructions, de plain-pied, surplombent la mer. La grande cour est encombrée de tables et de chaises rangées sous un auvent comme à la terrasse d'un café. Le déjeuner est servi ailleurs, sur un balcon qui convient mieux à la taille de notre réunion. Le chat file sous la table ; il reste immobile au fond de la salle devant une porte fermée, plus sensible à l'odeur du poisson qu'à nos appels.
Il ne pleuvra pas, assure notre hôtesse. Pourtant, depuis l'horizon, des nuages très noirs poussent une pointe vers nous. Un peu plus tard, la violente averse me donne raison.
L'orage fini, on fait par l'extérieur le tour de la maison. Derrière, un éboulis de roches dévale jusqu'au rivage. Un saut-de-loup sépare le jardin de la lande. Un minuscule pont-levis permet au sentier de le franchir et de descendre à la mer. Ce n'est qu'une planche grise, relevée par deux chaînettes. Elles brillent dans la bruyère comme, après la pluie, les gouttes d'eau. Elles semblent rouillées ; elles ne servent guère.