Le soleil froid glace l’air. L’eau grise forme les rives, haussant son fond de vase ; émergent les champs plats, les villes basses, des bancs de sable. Figure d’estuaire, disposée en larges bandes de terre et d’eau, si agrandie qu’on ne sait où l’amont et où l’aval (avant que n’apparaisse plus loin la mer).
Commentaires
Votre texte m'a fait penser à Gracq et à "la presqu'île" .
J'y ai trouvé comme une suite :
"La mer [est]t assez grosse , mais , à on ne [sait] quoi de ralenti et de gourd , on [sent] que la houle [vieillit] , [lisse] peu à peu ses arêtes usées . À l'horizon de l'Ouest , tout au bout du train harassé des vagues , [tombe] de très bas au-dessous des nuages une douche de lumière livide qui [glisse] et [bouge] derrière le rideau de vapeurs . ( La presqu'île p.88-89) "
Je n'ai pas lu la Presqu'île. S'agit-il d'un paysage réel ?
"La Presqu'île " , paru en 1970 , a donné son titre a un recueil de trois nouvelles ( la Route , la Presqu'île , Le Roi Cophetua ). Il s'agit d'une fiction .
Voilà un commentaire (que je viens de trouver dans Le Robert des grands écrivains de langue française )
"La Presqu'île " ausculte (...) le thème lancinant de l'attente . L'itinéraire de Simon , roulant sur les routes de Bretagne en attendant l'arrivée d'une femme qu'il aime , est à la fois dérive vers la mer et plongée en soi , dans un paysage théâtralisé dont les "changements à vue" épousent les mouvements de l'âme du personnage :
"Droit devant la pointe seulement , le large se découvrait , avec au fond cette arche de lumière glauque qui coulissait sur la mer comme un rideau – et pourtant brusquement ici la vie changeait de clé ."
Ou encore :
"Cette rêverie mi-initiatique , mi-poétique "La Presqu'île" incarne (...)parfaitement un "idéal" du monde tout en plaines et en forêts qui se finissent jusqu'au rivage lent et passif , arrière pays de la mer .(p113 , J.Gracq , Vérité et légendes , Jean Pelletier , Editions du Chêne-2001)
Oh ! (quant à moi, je ne cherchais qu'à décrire ce que je voyais par le hublot de l'avion...)