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Mes bouquins refermés - Page 48

  • Beethoven

    Concert Beethoven au Théâtre des Champs-Elysées : Huitième et Septième symphonies, ouvertures d'Egmont et de Coriolan.

    (La masse et la concentration de l'orchestre donnaient à l'entêtement de la musique de Beethoven, à son

    Ce n'est rien ! j'y suis ! j'y suis toujours

    une énergie proprement titanesque. L'ouverture de Coriolan, offerte en bis, était d'une intensité que je ne crois pas avoir entendue une autre fois au concert.)

     

  • Reniement

    Dans l'exposition de la Pinacothèque de Paris. En provenance du Rijksmuseum, le Reniement de saint Pierre de Rembrandt.

    La servante porte sa lumière contre l’apôtre ; la flamme rougit l’index accusateur et tire hors de l’ombre l'homme drapé dans son châle, avec son geste de dénégation. Il tourne le dos à cette autre lumière, aussi pâle que la première est vive : le visage du Christ au loin qu’on emmène, tourné vers lui. Au premier plan, une cuirasse luit obscurément ; le soldat, qui allait boire, interrompt son mouvement et lève la tête. Mais son intérêt est bref comme cette lumière qui fuit sur son armure. La lueur au contraire baigne longuement la figure de Pierre et l'étoffe de son vêtement blanc, et la conscience lentement gagne la matière même.

  • L'Amant jaloux

    L'Amant jaloux de Grétry, à l'opéra de Versailles.

    (La salle est bleue et or, comme Saint-Charles dans Rome, Naples et Florence. La pièce, sans entracte, ne dure pas trois demi-heures ; la musique dure encore moins longtemps, avec de nombreux dialogues parlés. L'intrigue est très simple et s'agence fort bien ; tout repose sur un seul quiproquo et qui tient en deux répliques. Six personnages : deux couples d'amants, le père et une servante. Les péripéties s'achèvent le soir au jardin, autour d'un pavillon, comme dans les Noces de Figaro. La musique paraît plus d'une fois très facile : mélodies qui vont avec le texte et font refrains. Le jeune Français a une belle sérénade ; les deux jeunes femmes des airs plus dramatiques.)

  • Le Ruban blanc

    Le Ruban blanc, de Haneke.

    Un vieil homme se souvient d’événements qui remontent à sa jeunesse, juste avant la première guerre mondiale, alors qu’il était l’instituteur d’un village. Plusieurs agressions sont commises et les coupables ne sont pas trouvés ; alerté par certains faits étranges, l’instituteur finit par mettre en cause les enfants : cependant les circonstances interrompent les recherches.

    Comme dans le Tour d’écrou, le narrateur soupçonne les enfants d’ignominies mais la réalité demeure incertaine. Chez Henry James, la gouvernante est saisie d’effroi quand elle voit que les enfants savent, que les enfants voient (les fantômes) : ici les soupçons s'affermissent quand l’instituteur surprend le regard des enfants cherchant la victime.

     

  • Salomé

    A l'opéra Bastille.

    Le meilleur livret ? il souffre d'une incohérence qui me gêne. Il y a d'un côté un drame familial à la psychologie "réaliste" (dans les passages qui  réunissent Salomé, Hérode et Hérodias) ; c'est le caprice d'une petite fille gâtée : Salomé, d'abord rivale de sa mère, séductrice de son beau-père ; puis, prenant le contrepied, alliée de sa mère et persécutrice d'Hérode, s'entêtant : "Je veux la tête de Jochanaan !".

    De l'autre, il y a le tableau vivant symboliste : Salomé mythe et amoureuse tragique, dans les scènes qui la confrontent au saint ou à sa tête tranchée ; jaggernaut sous lequel se jette Narraboth ; grande Babylone que vomit Jochanaan et qui se confond avec Hérodias (prenant pour elle les anathèmes que le prophète destine à sa mère). C'est elle qui finit par pontifier (se faisant la voix grosse et sifflant) : "Le Mystère de l'Amour excède le Mystère de la Mort".

     

  • Tristan et Isolde

    Acte 2 de Tristan et Isolde, au Théâtre des Champs-Elysées.

    (Comme il s'agit d'un version de concert, permettons-nous quelques remarques sur la mise en scène :

    Ratés : la robe toute jaune d'Isolde ; l'entrée en scène de Tristan, comme celle-ci coïncide avec l'arrivée du ténor qui joue Tristan, le ventre en avant et la partition à la main ; la solitude surpeuplée des deux amants, à quelques mètres l'un de l'autre, poussés aux reins par un orchestre tonitruant placé immédiatement derrière eux ; les regards qu'ils échangent alors que leurs voix ne s'accordent pas ; la pose bancale, bras ballants, de Marke une fois qu'il a magnifiquement chanté sa plainte qui est comme le post-coitum-animal-triste du fameux duo d'amour.

    Réussis : le port de tête souverain d'Isolde ; ses quelques gestes mesurés et grandioses ; la chasse lointaine qui se tait et le silence soudain audible, c'est à dire le bruit des sources ; l'extinction du flambeau signal qui fait brasiller l'orchestre ; Tristan assis sur sa chaise constatant, accablé : ce que tu demandes, ô mon roi, tu ne pourras jamais l'apprendre.)

  • La Bohème

    A l'opéra Bastille.

    (Combien qu'ils essaient de nous faire croire le contraire, il n'est pas douteux que Mimi, Rodolfo et leurs comparses ont depuis longtemps passé la quarantaine. La bohème s'éternise. Rodolfo a maigri et vieilli. Mimi monte en soufflant l'escalier qui mène à la chambrette. Ils rejouent une jeunesse disparue, forcent leur gaieté et, faute de sentiment, déploient grand les voiles du sentimentalisme. Cependant, ô fureur des coeurs mûrs par l'amour ulcéré, ils s'agacent et s'étrillent, et Mimi finit par mourir ; on ne sait pas pourquoi.)