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Projections - Page 9

  • Le bain d'une femme du monde

    Au cinéma, Les Carabiniers et Le Petit Soldat, de Godard. 

    Il y a quand même une scène amusante dans Les Carabiniers : une séance de cinéma comme au temps des frères Lumière. Dans la séquence "le bain d'un femme du monde", le garçon (qui voit un film pour la première fois) finit par faire tomber l'écran en voulant regarder par-dessus le rebord de la baignoire.

    Dans Le Petit Soldat, étrange contraste entre la sobriété du récit et la logorrhée du personnage principal (effet peut-être des yeux gris Velazquez ou gris Renoir d'Anna Karina).

  • Une passion

    Au cinéma, Une Passion, de Bergman.

    Je ne m'intéresserai pas à ces gens ni à leur histoire. Mais la pénombre. C'est l'hiver. On ne sait pas l'heure. La maison n'a pas l'électricité : seule la lumière crépusculaire, une bougie qu'on allume et qu'on souffle, une lampe à huile qu'on promène, le sommeil entre le jour et la nuit.

    La suite du rêve final de La Honte, cette fois-ci explicitement comme un rêve. La barque s'échoue. La femme seule erre sur le rivage. Croise des femmes en noir : des veuves ou des mères qui ont perdu leur fils. Elles la repoussent, la fuient.

  • A Canterbury Tale

    Au cinéma, A Canterbury Tale, de Powell et Pressburger.

    Souffré-je d'hallucinations ou le cinéma Reflet nous gratifie-t-il d'une projection video ? L'image est laide, la lumière terne (et pourtant l'été dans la campagne anglaise, ce devait être bien beau). Les scènes nocturnes du début donnent à peu près un écran noir, sans profondeur ... Ils pourraient prévenir.

    Etrange histoire. Le mystérieux glue-man jette de la colle dans les cheveux des filles la nuit ; tout ça pour attirer les soldats à des séances de diapos consacrées à l'histoire locale et aux pèlerinages médiévaux (peut-être faut-il avoir lu Chaucer pour comprendre ?). Cette intrigue tirée par les cheveux (si j'ose dire) finit à Canterbury par les grandes orgues des miracles de l'Amour et de l'Art in tempore belli.

  • Skammen

    Au cinéma, revu La Honte, de Bergman.

    Une réplique très Ruines circulaires : - j'ai l'impression d'être dans un rêve. Pas le mien, celui d'un autre. Quand cet autre s'éveillera, je me demande s'il aura honte.

    (En écrivant ceci, je me souviens de la dernière (?) phrase du Procès : est-ce ainsi qu'il faut la comprendre ?)

    Les scènes de guerre du début sont plutôt ratées (la Suède sous les bombes). En revanche on croit complètement (pourquoi ?) au climat de malaise et de méfiance qui s'installe après : occupation, épuration, milices, trahisons, exécutions sommaires ... il y a un aimable couple de musiciens, réfugiés à la campagne, qui vit tout cela ; on suit les évolutions de leur égoïsme : de l'indifférence béate au meurtre. Le film culmine dans une scène finale hallucinante, une vision de cauchemar digne du chef d’œuvre de Bergman dans le genre, L'Heure du loup. Des fugitifs se sont entassés dans une barque qui doit les amener, paraît-il, à un chalutier au large. Ils naviguent plusieurs jours sur une mer grise, déserte, calme, morte. Dans une lumière crépusculaire, dans un demi-sommeil, l'homme voit le pilote enjamber le bordage et se laisser glisser silencieusement dans l'eau, les abandonnant à leur sort.

  • Side street

    Au cinéma, La Rue de la mort, d'Anthony Mann (film vu par le Vrai Parisien).

    On retrouve le couple des Amants de la nuit de Nicholas Ray. Farley Granger a un rôle similaire de héros-victime, innocent et coupable, mêlé presque malgré lui à une sale histoire. N'est-ce pas le meilleur du film les scènes où il erre, anonyme, dans New York avec ce secret qui pèse sur lui, ou bien avec sa femme et leur fils qui vient de naître, et pourtant seul, séparé d'eux ?

  • La Main

    Au cinéma, Eros. Trois court-métrages accolés : après avoir vu celui de Wong Kar-Wai, on oublie les deux autres, Antonioni et ... comme s'appelle-t-il déjà ? Cependant chez le premier n'y avait-il pas comme un parfum de La Prisonnière ou de La Fugitive, qui rappellerait son chef d'oeuvre Identification d'une femme ?

    La Main, de Wong Kar-Wai. C'est le constraste entre la matière inorganique, superficielle et bariolée : bijoux et tissus (mais aussi verre, papier peint, escaliers, reflets) et le corps vivant, plein et pâle, qui s'y abrite (vivant, c'est à dire qui jouit, souffre, meurt). La main (et l'oeil) glisse à travers cela pour trouver ceci.

  • Black Narcissus

    Au cinéma, Le Narcisse noir, de Michael Powell.

    Etrange comme ce film fait penser à Solaris. Les religieuses, au départ pleines de leurs certitudes, perchées dans leur vaisseau solitaire, au-dessus de l'abîme, au milieu d'une Inde splendide et trouble, face au silence de dieu des cimes, interrogeant en vain le vieux sage muet, obsédées par des visions du passé (mais également, il faut le dire, par le séduisant Mr Dean qui se promène à peu près nu dans le couvent). Elles finissent par fleurir (au moins Sister Ruth qui vire au beau violet sombre).