L'autre jour au cinéma, pour le film d'Ozu : Il était un père.
- j'ai toujours rêvé d'habiter avec mon père. Ça a fini par arriver ; ça n’a duré qu’une semaine, mais ç’a été le plus beau moment de ma vie.
Ultime réplique du fils, dans le train : il rentre chez lui avec l'épouse à qui son père l'a confié sur son lit de mort.
Pourtant l'idylle, ce n'étaient pas ces derniers jours mais, dans l’enfance, quand le père a renoncé à son métier de professeur. Alors, le père - qui est veuf - emmène son fils dans la petite ville où il est né. Pendant un bref moment le poids des responsabilités sociales est levé (nous sommes dans une société qui envoie les enfants mourir loin de leurs parents).
Ils sont seuls tous les deux ensemble, dans le train, sur les remparts, à l'auberge (où le père tend un linge à son fils pour qu’il s’essuie le front ; le même linge qui servira au fils, à la fin, pour le père agonisant).
Ils vont à la pêche ensemble : mais, première accroc dans cet unisson, le fils doit aller à l’internat (et alors le mouvement parallèle des cannes à pêche s’arrête). Second accroc, le père part travailler à Tokyo (alors on retrouve le surnom, oublié, que ses anciens camarades lui avaient donné). Fin de partie : les études sont terminées ; le fils retrouve son père pour quelques jours de vacances et l’idylle semble recommencer ; un peu ivre, en fin de soirée, il dit son désir de revenir habiter avec lui ; et se fait durement rabrouer : pas question, il doit avant toute chose se consacrer à son nouveau métier d’enseignant.