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Noms de musiciens - Page 12

  • Webern, Messiaen, Boulez, Stravinski

    Salle Pleyel.

    La Passacaille de Webern, plus large que longue, fait penser à une symphonie de Mahler (mêmes sonorités, même amplitude des climats) mais réduite et déshabitée. C'est déjà fini (on se dit qu'il faudrait une concentration très supérieure pour bien l'entendre, ou une autre perception du temps, un plus grand pouvoir de résolution).

    De Chronochromie de Messiaen, je ne garde le souvenir que des passages où un xylophone jaseur rivalise avec les cloches et le pépiement d'un instrument à clavier non-identifié (le reste est souvent fastidieux).

    Enfin les Noces de Stravinski (pour quoi on est venu). La maison est surpeuplée ; les hôtes sont possédés par de vieux rituels, la coutume est comme un sort ; tout le monde veut tenir un rôle (qui est une façon d'être soi), se coupe la parole et parle en même temps (mais les percussions, y compris les quatre pianos, écrasent les personnages).

     

  • Mozart, Strauss

    Salle Pleyel.

    Le concert débute avec Capriccio, par son sextuor (musique dans la musique, comme la lettre d'un personnage citée dans un roman) ; en deuxième partie, il s'achève, comme l'opéra, par le monologue final de l'héroïne : cependant il ne s'agit pas de la comtesse mais de Salomé.

    La musique et le livret de Salomé sont-ils vulgaires, sont-ils kitsch ? Ici on n'y pense pas : le monstre n'est pas ridicule, l'interprète sait faire passer ensemble le caprice de petite fille gâtée et l'exaltation de l'amour absolu. (Après avoir fait longuement siffler le génétif de Todes, avec quelle maîtrise elle chante-parle les quelques vers suivants, ce ravissement qui précède la conflagration finale de l'orchestre et de la voix !)

  • Schütz, Bach, Brahms

    Salle Pleyel.

    De la première partie (pièces de Schütz et Johann Christoph Bach) à la seconde (le Requiem de Brahms), le choeur (tel que je l'entends) change de sens : moins une parole humaine, plus proche de la langue figurée de l'orchestre. Il exprime aussi le désespoir, la résignation, l'apaisement ou le triomphe (inégalable euphorie des fugues qui terminent les parties 2 et 6 : Der Gerechten Seelen sind in Gottes Hand und keine Qual rühret sie an et Tod, wo ist dein Stachel? Hölle, wo ist dein Sieg?) mais on n'y retrouve pas la prière dite à mi-voix dans le Wie lieblich sind deine Wohnungen de Schütz, le ton personnel et la supplication : Herr Gott Zebaoth, höre mein Gebet.

    (Egalement ici).

  • Schumann, Mendelssohn, Brahms

    Salle Pleyel.

    Programme Brahms. Les choeurs sont splendides, l'orchestre a une sonorité inhabituelle dans cette musique (comme une voiture dont auraient été enlevées les suspensions ; on sent tous les cahots de la route : on profite des embardées. La deuxième Symphonie gagne en verdeur, en jeunesse, en brutalité quand les trombones soufflent noir.)

    (Mais j'ai préféré la pièce de Schumann ("Nachtlied") : les ténèbres roulent, couronnées de lueurs, avant l'apaisement étale des assonances en a : Schlaf, da nahst du dich leise...)

  • Schubert

    Le Voyage d'hiver, au Théâtre des Champs-Elysées.

    Ce qui frappe ici, c'est la jeunesse du voyageur (cheveux noirs, que le givre ne fait que couvrir), la simplicité de ses colères (toujours près de jaillir et dont pourtant l'objet se perd peu à peu) ; elles marquent presque de bravade "Mut" et la fin de "der Wegweiser":
            Eine strasse muss ich gehen
            die noch keiner ging zurück

    Il a une façon encore enfantine de prendre à partie les êtres et les choses, de plain pied avec un monde de rêveries et de contes ; ainsi quand, dans "Frühlingstraum", des fleurs de givre sur la vitre le fascinent :
             Ihr lacht wohl über den Traümer,
             Der Blumen in Winter sah ?

    ou quand il interpelle un corbeau dans "die Krähe" :
             Krähe, wunderliches Tier,
             willst du mich nicht verlassen ?
             Meinst wohl, bald als Beute hier
             meinen Leib zu fassen ?

     

  • Sibelius

    Salle Pleyel.

    Au programme, les deux plus belles symphonies de Sibelius, la quatrième  et la septième. La quatrième se dérobe ; elle gagne à être entendue en concert : l’œil soutient l’oreille. Le premier mouvement commence de façon extraordinaire par un glas des cordes graves et puis la longue entrée du violoncelle seul. Comme dans l’ouverture de Parsifal, le troisième mouvement fait entendre une même phrase incachevée, en suspens, qui se répète, se rassemble et se complète avant de percer et trouver sa conclusion et puis de se dissoudre.
    La septième est plus aimable : c’est d’abord un somptueux sentiment d’envol, avec l'accroissement progressif des cordes. L’ascension débouche sur une impression de panorama illimité (espace grand ouvert des cuivres déployés). Après un épisode plus rapide, les cuivres entrent à nouveau : une tempête souffle en plein ciel.

  • Sibelius

    Salle Pleyel

    Pas séduit par le romantisme sucré des sept lieder avec orchestre.
    Déçu par l’interprétation de la sixième symphonie (Un jeu trop contrasté nuisait peut-être au foisonnement étale de cette espèce de Pastorale nordique, aux couleurs claires, aux éclats de la lumière nature.)

    Le plus réussi était sans doute ce que j’aime le moins : le finale de la cinquième symphonie. D’un coup l’orchestre semble former un bloc unique ; une même transe saisit tous les musiciens les subordonnant aux mouvements d’un seul. Le thème vedette a la grâce d’une sonnerie d’alarme géante… mais il est joué ici très lentement et tourne lentement et rayonne.