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Noms de musiciens - Page 9

  • Bach

    Eglise Saint-Roch. Cantates BWV 12 "Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen" – Cantate BWV 131 "Aus der Tiefe rufe ich, Herr, zu dir" – Cantate BWV 21 "Ich hatte viel Bekümmernis".

     (Le changement de sonorité provoqué par l'acoustique de l'église est spectaculaire : bien plus, pour le profane, comparé à ce qu'il entend en concert et au disque, que les variations liées aux décisions d'interprétation de tel ou tel. A une certaine distance dans la nef, la musique disparaît, avalée par les voûtes qui régurgitent une bouillie sonore. Il est un peu désolant que le public assis là-bas ne déserte pas en masse à l'entracte et ne réclame pas le remboursement de son billet. Pour les places "de première catégorie", l'écho ne l'emporte pas sur le son direct mais détermine ses métamorphoses. L'effet n'est pas identique selon les instruments : la trompette et l'orgue traversent l'épreuve sans grand dommage ; le hautbois (fort présent) semble avoir été relégué dans les profondeurs du choeur derrière l'orchestre ("De profundis clamavi"). Les voix ont au-dessus ou derrière elles la vague résonnante qu'elles engendrent : dans les grands choeurs croissants, où les voix entrent successivement, celle-ci les porte et leur prête son ampleur ; mais, en cas de changement de régime, à chaque rupture franche, elle manque de se briser et de les disperser. Le chef ménage un silence pour, en quelque sorte, laisser passer le remous. Cependant ce halo sonore, ce bourdonnement, ce manque de clarté, il est difficile à la longue de ne pas le vivre comme une perte d'acuité, une diminution de l'intelligence.)

     

  • Schumann, Mahler (1&2)

    Concerts Salle Pleyel.

    (Rien sur Robert).

    Des Knaben Wunderhorn de Mahler. Selon l’ordre du concert, les onze lieder chantés pouvaient se grouper ainsi : d’abord trois poèmes en forme de dialogues "intérieurs" entre l'homme et la bien-aimée, les deux voix dites par une seule  : Der Schildwache Nachtlied, Rheinlegendchen, Wo die schönen Trompeten blasen. Puis "le diptyque de la vie humaine" : das Irdische Leben et Urlicht (sans interruption). Quatre poèmes satiriques : Lied der Verfolgten im Turm, Verlorene Müh’, des Antonius von Padua Fischpredigt, Lob des hohen Verstandes. Le final macabre et militaire : Revelge et der Tambourg’sell.

    Wo die schönen Trompeten blasen était un enchantement. A l’aube, alors que résonne, comme une rougeur au loin, l’appel assourdi des trompettes : qui frappe tout bas à ma porte ? L'autre voix entre, répondant avec la tendresse la plus aimante : c’est l’être le plus cher à ton cœur. Une voix accueille et l'autre est accueillie, celle-là pleure et celle-ci console, l'une est un spectre, peut-être, et l'autre rêve : et c'est la même ; elles sont réunies dans un seul souffle, sous le ciel où sonnent les belles trompettes.

    Des Tambourg'sell : un condamné à mort est mené au gibet. La voix est d'abord sourde et sonnante, pleine de désespoir et de refus, selon le rythme de la marche funèbre. Puis la colère, l'amertume, se retirent ; la voix, saisie par l'émotion, prend congé du monde.

  • Bach

    Cantates BWV 38, 70 et 30, salle Pleyel.

    (Trois souvenirs : au début la première cantate, les trombones placés dans le chœur avec lequel leur sonorité fait bloc (formant comme la clé de la voûte). L’allégresse du choeur qui ouvre la deuxième cantate, que ne dérange pas même l’évocation de « la fin du monde ». L’air très allant de l’alto dans la troisième, accompagnée par une flûte pastorale : comme l'entrée au jardin d’Eden.)

  • Haendel

    Au Concertgebouwd'Amsterdam.

    (Pas de chance. Je ne pense pas que la musique jouée ce soir soit bien adaptée à l'acoustique fameuse de la salle : l'écho démultiplie les sonneries des cors et des trompettes debout de part et d'autre de l'estrade, ravale les cordes. La troupe nombreuse des bassons et des hautbois au fond (combien sont-ils ?) semblent jouer sur un tout autre plan sonore. Accablé par les résonances, je profite de l'entracte pour déguerpir.)

  • Mahler

    Salle Pleyel, troisième symphonie de Mahler.

    Au moment des saluts, le chef fait entrer un instrumentiste qui jusque-là était resté dissimulé. Comme la montagne accouche d'une souris (et, certes, les derniers moments, martelés par les timbales, étaient dignes de ce travail-là), le musicien apporte au sein de l'énorme orchestre un jouet intermédiaire entre la trompette et le cor et qui tient sur l'avant-bras. Ce nouveau-né chétif a donné de la voix avant d'apparaître ; il intervient depuis les coulisses dans le troisième mouvement. Le cuivre caché (et dont je ne sais pas le nom) ajoute alors aux timbres apparents une sonorité proche et distincte. Lumière d'avant l'aube, elle flotte comme un halo avec tous les éclats et les reflets déjà visibles. Elle ajoute à leurs couleurs, à leur foisonnement joyeux, le sentiment d'une unité dont tous émanent.

  • Haydn, Beethoven

    Salle Pleyel.

    Symphonie n°104 94 de Haydn dite « la Surprise ». La surprise en question, nous dit-on, est une ponctuation un peu appuyée au début de l’andante ; elle vient déranger l’espèce de comptine qui en constitue le thème. Ce qui surprend, à vrai dire, est que cet innocent « tutti relevé de timbales » ait pu à l’époque faire sursauter l’auditoire. Nous sommes tellement habitués aux contrastes de la musique symphonique ultérieure que je ne sais si, au deux-tiers d’un adagio, un coup de canon tiré, à blanc, depuis l'orchestre ferait broncher la salle.

  • Brahms

    Salle Pleyel.

    (De toutes les forces de sa matière, métal, corde, bois et peaux, l'orchestre fait feu puis la grande voix du choeur énonce la désespérante leçon du chant des Parques : la race des hommes a été assise une fois à la table d'or des dieux. Mais elle en a été chassée ; et précipitée dans les profondeurs sans lumière. Le proscrit ignore si le tribunal divin prononcera. Il est tapi dans la caverne et, contemplant sa descendance, secoue la tête.)