Concerts Salle Pleyel.
Des Knaben Wunderhorn de Mahler. Selon l’ordre du concert, les onze lieder chantés pouvaient se grouper ainsi : d’abord trois poèmes en forme de dialogues "intérieurs" entre l'homme et la bien-aimée, les deux voix dites par une seule : Der Schildwache Nachtlied, Rheinlegendchen, Wo die schönen Trompeten blasen. Puis "le diptyque de la vie humaine" : das Irdische Leben et Urlicht (sans interruption). Quatre poèmes satiriques : Lied der Verfolgten im Turm, Verlorene Müh’, des Antonius von Padua Fischpredigt, Lob des hohen Verstandes. Le final macabre et militaire : Revelge et der Tambourg’sell.
Wo die schönen Trompeten blasen était un enchantement. A l’aube, alors que résonne, comme une rougeur au loin, l’appel assourdi des trompettes : qui frappe tout bas à ma porte ? L'autre voix entre, répondant avec la tendresse la plus aimante : c’est l’être le plus cher à ton cœur. Une voix accueille et l'autre est accueillie, celle-là pleure et celle-ci console, l'une est un spectre, peut-être, et l'autre rêve : et c'est la même ; elles sont réunies dans un seul souffle, sous le ciel où sonnent les belles trompettes.
Des Tambourg'sell : un condamné à mort est mené au gibet. La voix est d'abord sourde et sonnante, pleine de désespoir et de refus, selon le rythme de la marche funèbre. Puis la colère, l'amertume, se retirent ; la voix, saisie par l'émotion, prend congé du monde.