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Noms de musiciens - Page 16

  • Beethoven

    A Pleyel.

    C'est (peut-être) la première fois que j'entends la Deuxième Symphonie qui, avec le mal de crâne, me paraît interminable.

    Mais, en seconde partie, l'Eroica est un tout autre monde (Figures du dépassement : cette brutalité sans le souci de plaire (Pan ! pan ! pan ! pan ! pan ! pan ! dans le premier mouvement) couronnée pourtant d'une aisance souveraine et véloce, ces départs contrariés (phrases qui finissent en trébuchant au début du finale) fondus ensuite dans l'élan irrésistible, ce chant qui sort de lui-même, porté sur un plan supérieur, dans une autre lumière, comme la marche funèbre devenue récit ou épopée...)

  • Mahler

    Salle Pleyel.

    O Röschen rot !

    Je vois des pivoines dans une teille de cuivre, avec leur couleur dans l'eau (Claudel)

    (Au début d'Urlicht, la voix penchée sur lui colore le souffle de l'orchestre ; rouge sombre noyé qu'un peu de lumière fait disparaître, à peine vu.)

    ***

    (Le finale a quelque chose de sinistre avec son essai d'auto-consolation véhémente : combien fort qu'il gueule, le chant ne laisse rien derrière lui dans la salle claire, quand il cesse. Le chœur-Moi clame « je ne mourrai pas » et le silence manque de répondre à l'assemblée de fantômes : « c'est déjà fait »).

  • Mozart, Chostakovitch

    Concert au Théâtre des Champs-Elysées.

    Rétrospectivement la première partie ressort presque insipide et même boiteuse (avec dans le concerto de Mozart un certain déséquilibre entre le dix-huitième siècle essoufflé du soliste et l'énergie de l'orchestre).

    Il n'y avait pas ces défauts dans la Dixième de Chostakovitch : à la fois musique pauvre, brisée, sans couleurs mais cohérente, forte, juste. A l'exception du quatrième mouvement plus difficile à envisager avec son espèce de joie fausse et vulgaire, une palette de gris et de noirs peint – si l'on veut – la désolation, le sarcasme ou l'horreur. Mais les plus beaux sont ces moments d'énigme ou d'aube (les petites flûtes à la fin du premier mouvement ; dans le troisième, le motif répété par les cors en forme d'appel suivi par la respiration des cordes) : une lumière sans qu'on sache d'où elle vient.

  • Ravel, Bartok

    Concert au Théâtre du Châtelet.

    Dans Daphnis et Chloé, il y a un lever de soleil fameux (glouglou des sources, cris d'oiseaux, soleil bouche grande ouverte) et de beaux paysages sonores mais souvent on s'ennuie (et pense à autre chose : ainsi le chuintement nocturne des cordes avec le chœur qui fait ah ! me disait les souffles de la nuit flottaient sur Galgala).

    En revanche avec son alternance de scène (Judith et Barbe-Bleue) et d'évocations (à chaque fois qu'une porte du château s'ouvre), l'opéra de Bartok ne laisse pas l'attention s'égarer (ne serait-ce que les sept portes à compter.)

    Après la cinquième, celle du domaine de Barbe-Bleue, quand les cuivres opposés, dans la salle, et l'orgue montent le volume sonore à son paroxysme - et préparent, plus loin, le plongeon dans l'hébétude du lac des larmes (sixième porte) - je suis submergé par la musique (ou assommé par la chaleur ? fasciné par l'énorme caparaçon de la cantatrice, moiré comme la robe d'une mouche verte).

  • Poulenc

    Concert au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

    J'assiste pour la première fois à une représentation de la Voix humaine ; j'ai dû en entendre des bribes au disque il y a bien longtemps mais l'impression, d'emblée, n'a pas changé : que le livret est pénible ! et je ne comprends ce qui dans la musique ou l'interprétation pourrait justifier ce morceau de bravoure pour diva vieillissante, cette exhibition ponctuée d'imitations de sonnerie de téléphone.

  • Schumann, Berg, Wagner

    Concert à la Cité de la Musique.

    Entre l'Amour et la vie d'une femme baryton et les poésies de Madame Wesendonck, surtout les quatre lieder somnambules de l'opus 2 d'Alban Berg

  • Monteverdi

    Concert à la Cité de la Musique.

    Madrigali amorosi du livre VIII. Surtout : - Vago augelleto che cantando vai (le premier vers fait le refrain et le titre ; et la complication des tourments et la complexité des voix agencées se résolvent dans la gaieté d'un appel). - Un air pour deux ténors Mentre vaga Angioletta, qui commence a cappella (la voix nue accomplit alors la figure dite par les mots qu'elle prononce : il mio core pende tutto dal suon del soave canto). - et l'inconsolable, l'irrépressible Lamento della Ninfa (le chœur gris de l'aube traversé par le cri de la Nymphe : Amor...)