Concert au Théâtre du Châtelet.
Dans Daphnis et Chloé, il y a un lever de soleil fameux (glouglou des sources, cris d'oiseaux, soleil bouche grande ouverte) et de beaux paysages sonores mais souvent on s'ennuie (et pense à autre chose : ainsi le chuintement nocturne des cordes avec le chœur qui fait ah ! me disait les souffles de la nuit flottaient sur Galgala).
En revanche avec son alternance de scène (Judith et Barbe-Bleue) et d'évocations (à chaque fois qu'une porte du château s'ouvre), l'opéra de Bartok ne laisse pas l'attention s'égarer (ne serait-ce que les sept portes à compter.)
Après la cinquième, celle du domaine de Barbe-Bleue, quand les cuivres opposés, dans la salle, et l'orgue montent le volume sonore à son paroxysme - et préparent, plus loin, le plongeon dans l'hébétude du lac des larmes (sixième porte) - je suis submergé par la musique (ou assommé par la chaleur ? fasciné par l'énorme caparaçon de la cantatrice, moiré comme la robe d'une mouche verte).