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Noms de musiciens - Page 19

  • Schubert, Schumann

    Au Châtelet.

    Lieder de Schubert sur des poèmes de Goethe. Surtout der Musensohn : le musicien-poète possédé par les Muses, par le mètre et par le rythme entraînant, entraîné dans une allégresse irrépressible et presque inquiétante, devançant les saisons, courant les champs et les villages, animant au passage le « gros garçon » et la « raide demoiselle », s'en moquant, allant selon sa joyeuse chanson, solitaire et rêvant de repos.

    Lieder de Schumann sur des poèmes d'Eichendorff. Toutes les vignettes du romantisme allemand : l'exil, la bien-aimée lointaine, la solitude, la nature angoissante ou consolatrice, les chasseurs qui sonnent du cor, le rossignol, le château moyenâgeux et même le Rhin et la Lorelei ; mais profondément d'accord avec la musique. Trois favoris :

    Mondnacht : la voix s'égale au paysage nocturne (clarté blanche de la lune, scintillement des étoiles). Auf einer Burg : un paysage vu en plongée ; le vieux château avec son spectre sinistre domine le fleuve où passe une noce faussement joyeuse ; la jeune mariée pleure (et la voix pleure avec elle). Surtout, Zwielicht, vision inquiétante du crépuscule où les arbres frissonnent, les nuages passent « comme les mauvais rêves » ; heure des amours mortelles et des amitiés trahies ; la voix commande soudain : « (bien des choses se perdront dans la nuit) Prends garde ! »

    (Mais comme trop souvent, c'est par un bis peut-être qu'on est le plus touché : un autre lied de Schumann, une musique qu'on ne connaît pas, des paroles (de Kerner) qu'on ne comprend guère (c'est mieux ainsi), Stirb, Lieb' und Freud' !, un petit roman ausbourgeois avec scène de prière et cœur brisé.)

  • Schönberg, Webern, Mahler

    En guise de récréation entre le Prologue (hier) et la Première journée (aujourd'hui) de la Tétralogie, concert à l'Auditorium (à sifflement) du Musée d'Orsay.

    Malheureusement encore des transcriptions : pas franchement le mieux pour profiter de la richesse des timbres des œuvres au programme (l'accompagnement des lieder de Zemlinsky tournait à la rengaine ; un piano indiscret accentuait le côté paroxystique de la 1ère Symphonie de Chambre de Schönberg (malgré la beauté du chant de la clarinette) ; l'équilibre entre la voix et les instruments dans les lieder de Mahler était problématique).

    Le mieux en terme de cohérence d'écoute, c'était donc la seule œuvre dans son format d'origine : le quintette pour piano de Webern avec alternance de phrases ultra-(post)-romantiques et de grincements de cordes (c'est sans doute ce qu'on appelle « une œuvre de transition »).

    (Un mot tout de même sur le dernier des Chants d'un compagnon errant, avec son rythme de marche inquiète qui s'apaise et finit dans une lumière pareille à celle de la fin du Chant de la Terre, comme la solution d'une alternative : Welt und Traum).

  • Ligeti, Mozart

    Au Théâtre des Champs-Elysées, quatuors de Mozart et de Ligeti.

    Maintenant que les grands secrets de l'univers sont éclaircis et que la toile du hasard gît déchirée à terre, j'ai quelque réticence à aligner des banalités contingentes sur la musique qui servit de prétexte à cette révélation.

    Sans y aller par quatre chemins : il y avait le Quatuor n°2 de Ligeti dont la lisibilité était accentuée par la petite conférence d'introduction faite par le violoncelliste (mais qui renforçait la qualité d'anthologie de l’œuvre).

    « Une impression d'immobilité qui s'impose au fur et à mesure que le rythme s'accélère » dans le premier mouvement ; « des mécaniques désaccordées » dans le troisième (les fameux pizzicati doublés en bis par ceux de Bartók) ; et dans le cinquième, « une mélodie qui vient flotter comme un au-revoir à l'histoire de la musique ».

    (Bien sûr, c'est l'au-revoir que j'ai préféré - dont les connaisseurs nous diront peut-être s'il peut faire penser à la San Francisco Polyphony).

    Après deux autres quatuors de Mozart (d'un quatuor à l'autre le premier et le second violons échangeaient leur place), le couronnement de la soirée c'était (l'avant-dernier) du même, le n°22, en si bémol majeur K589. Si vous vous intéressez aux quatuors de Mozart (plus on les écoute, plus on les aime), allez plutôt ici ou là. Ce matin je me souviens du thème en forme de toupie qu'on lance du premier mouvement (relance surprise à la moitié du morceau) ; des phrases du violoncelle et du violon dans le mouvement lent ; et surtout du Finale avec (là aussi à peu près au milieu) le passage où les musiciens empoignent le thème avec une fougue toute Beethovénienne.

  • Mahler

    Au Musée d'Orsay, transcription par Singer de la Cinquième de Mahler pour piano à quatre mains.

    Promenade inédite dans un paysage trop connu (avec comme une ombre éclatante le souvenir de l'orchestre absent). Quelquefois ça ne marche pas : les fortissimi tombent à plat, des contrastes manquent et le jeu des timbres. Ailleurs l'ombre s'efface : les fugues du Finale et surtout, d'un bout à l'autre, le Scherzo (dont, sous une lumière nouvelle, le beau passage avec pizzicati). Autre intérêt : entendre l'Adagietto sans les harpes.

    (Par ailleurs, si quelqu'un parmi mes (3?) lecteurs a l'oreille du responsable de l'auditorium d'Orsay pourra-t-il lui faire entendre que le bel aménagement acoustique de panneaux de bois, de caissons et de parois absorbantes est plus qu'un peu gâché par le sifflement continuel des projecteurs électriques ?)

  • Charpentier, Purcell

    Concert à la Cité de la Musique.

    Même lieu et presque les mêmes interprètes que le David et Jonathas de la saison passée. Un an après j'ai encore dans l'oreille les derniers mots de David :
                              J'ai perdu ce que j'aime,
                              Seigneur, pour moi tout est perdu.

    (Que le français dans Charpentier est beau ! sobre et solide comme cette seule syllabe, « qui a les fondations de bon et s'écrit comme l'eau »).

    Mais ce soir, c'est le Judicium Salomonis, en latin donc, qui même prononcé à la française (avec la froide couleur du "u" pointu) ne donne pas la même satisfaction. J'ai surtout été sensible à la brève et belle musique nocturne du rêve de Salomon et la phrase du récitant qui la suit : Nocte autem sequenti apparuit illi Deus per somnium dicens : (...)

    On retrouve ensuite avec plaisir la langue bien vivante qu'est l'anglais de Purcell.
    In guilty night (Saül demande à une sorcière de faire apparaître l'esprit de Samuel – également une scène de David et Jonathas), avec l'exaltation croissante, espoir et crainte, de Saül quand l'ombre sort des profondeurs ; et, surtout, après la malédiction de Samuel, quelques secondes d'un Farewell, oh ! Farewell de conclusion, chanté par les trois voix : déploration lumineuse, consolation – qui suffiront à notre bonheur.

  • Haydn, Bruckner

    Premier concert de la saison (après deux mois de musique en conserve) au Théâtre des Champs-Elysées.

    Une symphonie de Haydn (hélas sans les commentaires de Zvezdo), numérotée 44, et la quatrième de Sibelius Bruckner. Espérons que ce sera mieux la prochaine fois.

    (Penché par-dessus la rambarde du deuxième balcon : l'impression que la couleur n'est plus la même. Est-ce l'automne déjà comme pour les marronniers de l'avenue Montaigne ? ... ah, c'est qu'ils ont posé un parquet à l'orchestre et changé la cage de scène ; j'attends maintenant les considérations sur la nouvelle acoustique de la salle).

  • Une seconde fois

    Une seconde fois
    Encore au Théâtre des Champs-Elysées pour Mahler et Chostakovitch.

    Comme je voulais l'entendre, je l'ai entendue, cette symphonie. C'est fait (écrit Rimbaud dans Génie). Les mots, les miens, manquent.