Concert à la Cité de la Musique.
Même lieu et presque les mêmes interprètes que le David et Jonathas de la saison passée. Un an après j'ai encore dans l'oreille les derniers mots de David :
J'ai perdu ce que j'aime,
Seigneur, pour moi tout est perdu.
(Que le français dans Charpentier est beau ! sobre et solide comme cette seule syllabe, « qui a les fondations de bon et s'écrit comme l'eau »).
Mais ce soir, c'est le Judicium Salomonis, en latin donc, qui même prononcé à la française (avec la froide couleur du "u" pointu) ne donne pas la même satisfaction. J'ai surtout été sensible à la brève et belle musique nocturne du rêve de Salomon et la phrase du récitant qui la suit : Nocte autem sequenti apparuit illi Deus per somnium dicens : (...)
On retrouve ensuite avec plaisir la langue bien vivante qu'est l'anglais de Purcell.
In guilty night (Saül demande à une sorcière de faire apparaître l'esprit de Samuel – également une scène de David et Jonathas), avec l'exaltation croissante, espoir et crainte, de Saül quand l'ombre sort des profondeurs ; et, surtout, après la malédiction de Samuel, quelques secondes d'un Farewell, oh ! Farewell de conclusion, chanté par les trois voix : déploration lumineuse, consolation – qui suffiront à notre bonheur.