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Noms de musiciens - Page 21

  • Le Maître du Jugement dernier, de Perutz

    Mardi soir au concert, au Châtelet.

    Le cygne de Tonuela, de Sibelius.
    … vogue comme les Nuages de Debussy.

    Les Quatre Derniers Lieder, de Strauss

    … où l’on peut constater qu’Eichendorff est bien meilleur écrivain que Hesse (Paix vaste et calme / Loin déjà dans le soir/ Notre fatigue / C’est peut-être la mort ).

    La troisième symphonie, de Beethoven.

    A l’écouter, depuis longtemps, une phrase me revient. D’où ? je ne sais pas. La voilà, quoi qu’elle veuille dire : l’optimisme des Lumières se mue en esprit de conquête. Je m’en débarrasse par l’occasion.
    On trouve davantage et mieux ailleurs. Cette musique n’est-elle pas dans le livre de Carson Mac Cullers, Le Cœur est un chasseur solitaire, entendue à la radio, par une fenêtre ouverte? A vérifier.

    Je cherche d’autres exemples de fictions avec musique réelle. Dans ma liste :

    Le Don Juan, de Hoffmann. Ou le fantasme d’avoir une porte dans sa chambre qui donne dans une loge d’opéra.

    Le Maître du Jugement dernier, de Perutz. Des amis se réunissent pour jouer entre eux le premier trio avec piano de Brahms. Mais ils ne vont pas plus loin que le deuxième mouvement. L’un d’eux meurt, de mort violente, pendant la pause. On ne jouera donc pas le troisième mouvement (adagio) qui reste à l’état de fantôme, comme un apaisement impossible. Qui est le coupable ? La façon dont le narrateur entend le scherzo (à peu près comme du Mahler ou du Chostakovitch) donne quelques indications sur son caractère.

  • Récréations en Musique, de Jean-Marie Leclair

    Dimanche matin, au concert.

    Récréations en Musique, de Jean-Marie Leclair.

    Je pensais : musique fille de la danse, c’est à dire l’expression enfin trouvée du langage intime, de la conversation sans mots, du danseur qui ne danse pas. Il le parle dans ses membres, pieds et mains, imitant sans presque se mouvoir le pas des danseurs, le réduisant extérieurement à la pulsation d’un rythme. Mais la musique sait davantage : s’élance, retombe, tend comme un bras, élève comme une main, brise comme un geste, recule, interrompt, répète, suspend. Elle n’accompagne pas, elle parle et les danseurs (celui qui danse comme celui qui ne danse pas) répondent à leur tour.

  • On ne devrait pas parler de musique quand on n'est pas musicien

    Mercredi soir, concert à la Cité de la Musique.

    Varèse, Xenakis. Cuivres, percussions, sonneries et fanfares. Pas matière à finesses psycho-acoustiques. Le dur d’oreille entend ; le dérangé se rassérène. C’est bien agréable.

     

    Jeudi soir, concert au Théâtre des Champs-Elysées.

    Quarantième Symphonie de Mozart. En 1989 ou 1990, pour ses débuts, une radio diffusait un programme musical en boucle. Dans la succession des extraits, il y avait le deuxième mouvement de cette symphonie. Et dans ce deuxième mouvement, il y a deux fois ce passage qui nous ravit. J’étais au lycée, interne. A la pause je regagne ma piaule pour brancher la radio, impatient, incertain d’avoir ce plaisir que j’espère. Une fenêtre étroite donne dans la cour. La salle de classe ouvre dans une galerie sur cette même cour. De mon poste, je peux suivre la rentrée des élèves . Avant ça - est-ce que je l’aurai ?

    C’était comme ça que je comprenais Mozart. Dix exemples de ça dans ses concertos pour piano ou ses quatuors. A l’intérieur d’un langage convenu et sans jamais abandonner les éléments de ce langage, la survenue d’un accent inouï. Le glissement de panneaux interposés, d’opacité décroissante ; le dévoilement d’un ciel lumineux d’éclaircie. Une hésitation, un oscillation, court tout au long de ce mouvement et puis, deux ou trois fois, la superposition du motif des cordes et des vents (est-ce que je sais ? on ne devrait pas parler de musique quand on n’est pas musicien) produit la miraculeuse huile sonore.

    Bien sûr, à la 262ème occurrence, l’effet est moins évident. D’ailleurs je suis venu pour écouter la symphonie de Bruckner.

  • Le fleuve par le chas d'une aiguille

    Mardi soir, concert au Théâtre des Champs Elysées.

    Le Quintette à cordes de Schubert. « Un Monsieur de Vienne, encore jeune, et obèse », « fait couler un fleuve par le chas d’une aiguille » (selon Tranströmer, traduit par Outin, cité par Jaccottet). Mais pas ce soir-là, pas pour moi en tout cas.

    A propos d’aiguilles, j’ai le souvenir il y a cinq ans, dix ans ? (Remember ! Esto memor !) de concerts sous la menace de la montre d’un voisin. Peu après le début, au premier silence, à la première baisse du volume sonore, l’oreille détecte le tic-tac d’une trotteuse à droite, à gauche, devant, derrière, ou plusieurs. Impossible alors de ne plus l’entendre. On a beau se tordre sur son siège, se boucher une oreille, mettre la main en cornet. Musique avec accompagnement de métronome.
    Cela a passé : l’oreille ou la cervelle ont dû s’endurcir. La sensibilité s’émousse.
    Mais avant-hier c’était sur scène qu’était le dérangement. Dans le quatuor qui veut jouer ensemble, j’entends la voix du premier violon bien plus forte que toutes les autres. C’est embêtant.