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Musique et théâtre - Page 7

  • Madame Butterfly

    A l'Opéra Bastille.

    (Au deuxième acte, coup de théâtre : sans avoir été annoncé paraît sur scène l'enfant déjà grand de Butterfly et Pinkerton. La femme séduite et abandonnée se renouvelle en mère sacrifiée. Après la floraison, et puis ce long mûrissement alimenté par le lourd ferment de la musique, elle meurt en expulsant son fruit, la saison et terrain sont favorables.)

  • Lady Macbeth de Mzensk

    A l'opéra Bastille.

    Les âmes y seront à musique,
    Et tous les intérêts puérilement charnels

    Comme son premier mari est mort (c'est elle qui l'a tué), Katerina Ismaïlova épouse son amant, Sergeï. Le choeur de la noce essaie de hisser ce corps trop lourd (gros de meurtres et non d'enfants) jusqu'à sa misérable apogée : la mariée est plus belle que le soleil. Mais la gendarmerie, alertée par l'odeur de cadavre, fait irruption et termine la fête. Quand l'acte suivant commence, ce ne sont plus les protagonistes eux-mêmes mais leurs ombres portées "sur des verstes et des verstes", les steppes de Sibérie, la longue route du bagne.  Pourtant la triste comédie reprend : Sergeï s'est trouvé une nouvelle amie. Autrefois l'ennui poignait Katerina, c'est maintenant l'amour malheureux qui l'entraîne ;  sa chute a commencé la première fois que, luttant par jeu avec Sergeï, elle mit genou à terre. Maintenant le temps et la nuit (profonds comme, à l'orchestre, la masse des cordes et le souffle des cuivres) se referment sur elle, ainsi que sur une pierre, l'eau noire où elle se noie.

  • Fidelio

    A l'opéra Garnier.

    Difficile d'accepter que la "même musique" convienne à l'hymne finale et au médiocre quiproquo du début ; qu'elle exalte là l'héroïsme, le dévouement, la liberté, et plombe ici la comédie amoureuse. La représentation n'allait pas très bien et je ne retiens que la phrase sublime de Rocco : Der kaum mehr lebt / Und wie ein Schatten schwebt ?

  • L'Echange

    L'Echange, de Claudel, au Théâtre de la Colline.

    La journée qu’on voit clair et qui dure jusqu’à ce qu’elle soit finie !

    (Mais, ainsi qu’un oiseau pousse son cri, régulièrement, en deux ou trois points, la salle toussait lourdement. Les comédiens (pas tous, pas tout le temps) accéléraient leurs tirades et, par pans entiers, le "verbe claudélien" sombrait, dévalant le tourniquet des conjonctions : …comme…, …comme…,…comme…).

  • Tristan et Isolde (4)

    A l'Opéra Bastille.

    (Tristan et Isolde sont dans un bateau ; mais on n'entend pas beaucoup la mer. Passée la sublime chanson du marin, tout l'équipage et ses manoeuvres ne sont que des accessoires de théâtre. La mer est l'envers invisible de l'espace fatal où les deux amants sont resserrés, occupés d'eux-mêmes. La nef est étroite mais Tristan et Isolde échangent solennellement des messagers. Cependant Isolde entend la réponse qui lui est faite par dessus l'épaule de Brangäne. Tristan va venir. Le lieu se réduit - chaque pas qui rapproche ébranle la poitrine.

    La mer est aussi la condition d'un autre mouvement insensible, concomitant et proportionnel. La mer diminue, la navigation finit au port : la bulle éclate alors contre le rivage, les lumières se rallument dans la salle et les deux amants hébétés constatent qu'ils sont toujours vivants et que le roi Marke est venu accueillir sa promise.) 

  • La Fiancée vendue

    A l'opéra Garnier.

     Les amours de Marenka et Jenik sont menacées : les parents ont d'autres projets de mariage pour leur fille. Mais les deux jeunes gens seront plus malins que le marieur et triompheront encore d'un prétendant bègue et d'une marâtre autoritaire. Rien d'inattendu dans ce canevas (sauf peut-être la place centrale du marieur, qui donne à l'ensemble une allure archaïque). Le village chante et danse et commente l'intrigue mais ne s'interpose guère. La musique est rapide et joyeuse ; les personnages chantent souvent par deux, trois ou quatre, ensemble la même phrase. Les vents teignent quelquefois la besogne des cordes d'une jolie couleur (Quand Jenik proclame : Je viens de Moravie ! on pourrait entendre comme un prélude aux Chants du compagnon errant, mais cela tourne court). Malgré tout (la faute à la musique, aux musiciens ou au metteur en scène ?), on s'ennuie. 

  • Armide

    Armide, de Lully, au Théâtre des Champs-Elysées.

    Etait-ce la musique elle-même, la façon dont elle était jouée ou un effet de la mise en scène ? j'ai trouvé langoureux et presque mélancoliques les divertissements galants, les enchantements qui bercent Renaud, la ronde des Plaisirs ou la Passacaille. Les chansons parlent de jeunesse et du printemps mais la lumière jaune et horizontale figure l'automne du sentiment. A la fin Renaud congédie les Plaisirs et ceux-ci viennent s'incliner devant lui comme la Joie de l'Ode à la Mélancolie, whose hand is ever at his lips bidding adieu.

    L'amour d'Armide s'exprime par l'inquiétude et par le pressentiment funeste : Armide craint d'abord d'aimer puis elle craint d'être abandonnée ; elle est seule, Renaud est endormi ou envoûté par ses soins, et son malheur semble l'effet de ses propres paroles sans réponse. Trop lucide, elle ne peut être la dupe de ses enchantements et la Haine convoquée des Enfers est impuissante à la guérir de son inclination. Dans cette belle scène, pour finir, la Haine et tous les démons, à sa suite, s'éloignent d'elle et le baiser qu'ils lui donnent est comme une morsure.