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Images peintes - Page 6

  • Madeleine

    L’enterrement du Christ, de Titien.

    (Dans le ciel inachevé, les mains de Madeleine apparaissent une seconde fois, par l’effet d’un repentir, au-delà des bras ouverts, augmentant leur écart. On a l’impression d’un corps brutalement arrêté, comme une flèche plantée dans la cible, qui vibre encore. Le point d’arrêt de la figure dressée sur les pointes, c’est ce cadavre puissamment lourd et immobile sur qui elle se penche. Tous les efforts réunis peinent à soutenir son poids ; seuls lui conviennent l’ensevelissement et la pierre historiée du tombeau. Madeleine arrive trop tard, pas même épousée et déjà veuve ; sa poitrine est flétrie, sa robe blanche est le linceul.)

  • Molé

    Le portrait par Ingres du comte Molé est enfin entré au Louvre. Il est exposé dans les salles, aux murs rouges, des grands formats du dix-neuvième siècle français.

    (La pointe du col de chemise fait un point brillant juste sous l'oreille gauche et ajoute comme un anneau de pirate à son air farouche).

  • Reniement

    Dans l'exposition de la Pinacothèque de Paris. En provenance du Rijksmuseum, le Reniement de saint Pierre de Rembrandt.

    La servante porte sa lumière contre l’apôtre ; la flamme rougit l’index accusateur et tire hors de l’ombre l'homme drapé dans son châle, avec son geste de dénégation. Il tourne le dos à cette autre lumière, aussi pâle que la première est vive : le visage du Christ au loin qu’on emmène, tourné vers lui. Au premier plan, une cuirasse luit obscurément ; le soldat, qui allait boire, interrompt son mouvement et lève la tête. Mais son intérêt est bref comme cette lumière qui fuit sur son armure. La lueur au contraire baigne longuement la figure de Pierre et l'étoffe de son vêtement blanc, et la conscience lentement gagne la matière même.

  • Brève clarté

    Le "Coup de soleil", de Ruisdael.

    Le ciel, où montent de grands nuages, occupe la majeure partie du tableau. La terre est traversée par une route et un fleuve qui se croisent, selon une forme habituelle à l'artiste, comme une paire de ciseaux largement ouverts rabattus à l'horizon (les ailes du moulin reprennent cette intersection, perpendiculairement). Les hommes, plongés dans le cours du temps, vont et viennent sur la route ou bien se baignent dans le fleuve, résistant au courant qui les entraîne. Mais ces images du flux et de l'écoulement sont surpassées par l'éclat d'un seul instant, qui fait briller la lande. Derrière la tache resplendissante, le clocher d'une église plongée dans l'ombre désigne le ciel. Le fort contraste de  l'ombre et de la lumière sur la terre s'oppose aux gradations subtiles de l'atmosphère, qui va du bleu obscurci au blanc et au gris, puis aux traces au loin de l'averse. Mais de ce ciel successif et illimité tombe le point fugace de l'éclaircie.

  • Cosmè Tura

    Au Louvre, prêté par le musée d'Ajaccio: La Vierge à l'Enfant avec saint Jérôme et une sainte martyre, de Tura.

    (Les couleurs ont noirci : les figures se mélangent aux colonnes de l’arrière-plan ; elles paraissent coiffées par les vases remplis de cerises du décor, qu’elles cachent à demi ;  les têtes rondes et les cous hauts et droits donnent l’impression d’un jeu de quilles.  Mais, au second regard, la lueur blanche des chairs perce sous l’obscurcissement de la peinture ; les volumes des draperies se dégagent de l’ombre ; les mains, magnifiques, sont vivantes, elles serrent et portent. Les visages de la sainte martyre et de la Vierge sont presque semblables : le même ovale, la bouche petite, le menton rond et les yeux cernés mais celui de la Vierge, animé par la douleur, se détourne pour ne pas voir l’Enfant jouer avec les fruits écarlates.)

  • Cristallin

    Marine, de Claude Lorrain.

    Le format ovale du petit tableau renforce cette rêverie qui nait quelquefois des soleils couchants du Lorrain, l'impression que le paysage qu'ils illuminent ne s'étend pas extérieurement, sous un regard, mais qu'il a été saisi à la surface d'un globe où il se projette : nous contemplons l'image close qui s'est formée à l'intérieur d'un oeil. Cela explique la matière vitreuse, plus dense que l'air, qui remplit l'étendue transparente. Les nuages n'y flottent pas mais sont pris, comme les éclats blancs du ressac, dans son épaisseur. Le soleil est la pupille de cet oeil, l'ouverture où passent les rayons qui déterminent l'image.

  • Mal vus

    Au Musée d'Orsay.

    Les tableaux les plus célèbres sont souvent ceux qu'on voit le moins : je passe depuis vingt ans devant l'Olympia ou le Déjeuner sur l'herbe ; je remarque pour la première fois ce soir qu'Olympia n'a pas les cheveux courts, que ses cheveux sont coiffés en arrière et massés sur l'épaule gauche ; et, dans le Déjeuner, l'oiseau en vol au sommet de la toile (un bouvreuil ?).