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Images peintes - Page 4

  • Face et profil

    « Que l'on considère le Dessinateur faisant un portrait, la Cène de 1523 ou les deux Portements de Croix de 1520, on retrouve toujours une même  importance accordée aux deux "vues fondamentales" : la face et le profil. Souvent se rencontrent de bizarres combinaisons des deux, tels, par exemple, la figure d'un spectateur qui nous tourne le dos, mais dont le visage et l'une des jambes se montrent de profil, ou le saint Pierre de la Cène, dont le visage est de profil et le corps tout à fait de face ; quant au cinquième apôtre à partir de la gauche, dans la même gravure sur bois, sa pose est si crispée et si schématisée en même temps qu'on a parfois pris son épaule droite pour un coussin. Les exemples les plus significatifs s'observent dans la belle Déposition de Croix, où une vierge Marie de profil contraste avec une Marie-Madeleine de face ; et d'où l'un des porteurs marche parallèlement au plan de l'image, avec le corps et la jambe droite de profil, tandis que son pied gauche et son visage se présentent carrément de face ; et où le porteur de gauche, qui marche à reculons, tourne la tête de profil vers la gauche tandis que ses pieds pointent vers la droite. »

    (Panofsky, la Vie et l'Art d'Albrecht Dürer)

    (On rêverait d'en apprendre plus sur cette étrange manière "des figures de face ou de profil", dont le chef-d'oeuvre serait la fameuse Visitation de Pontormo à Carmignano).

  • Souffle

    Le Parnasse de Claude Lorrain, dans l'expostion du Louvre.

    (Il y a bien un temple de pierre au sommet de la montagne, à gauche ; mais le Temple véritable ce sont les arbres sur l'épaulement, à mi-pente. Les troncs plus idéaux que des colonnes marquent l'aire où se tiennent Apollon et les Muses. Les poètes s'assemblent dans la pénombre, comme les bêtes viennent boire au fleuve mêlé des eaux de la source Hippocrène, et le jour naissant dresse un fond d'or dans le sous-bois. Cependant, au-dessus de la lyre du dieu, une agitation trouble le feuillage, comme :)

        Le visible et serein souffle artificiel
        De l'inspiration qui regagne le ciel

     

  • Nebensonnen

    L'Origine du corail, dans l'exposition Lorrain du Louvre.

    (Voit-on jamais le soleil se refléter ainsi dans la mer ? non, je pense à un autre spectacle : à la voûte du Panthéon de Rome ; la lumière du soleil pénètre par l'oculus et peint un second cercle de même taille plus bas dans la coupole. Là le regard de Méduse a véritablement fini de pétrifier l'univers ; les cieux sont de pierre, l'horizon est clos et l'arbre et l'arche naturelle ont composé les colonnes du portique.)

  • Lessive

    Paysage avec l'archange Raphaël et Tobie de Claude Lorrain, dans l'expostion "Nature et Idéal", au Grand Palais.

    ("La mélancolique lessive d'or du couchant" va-t-elle emporter le monde ? Le paysage d'estuaire se défait doublement dans le soir, l'obscurité effacera la terre comme la mer absorbe le fleuve. Les montagnes au loin seront balayés ainsi que les nuages, de même couleur. Mais, avant la nuit, l'ange indique à Tobie, enfoui dans les entrailles du poisson, le remède à la cécité de son père, comme la formule d'une aube miraculeuse et future.)

  • Pierre de Cortone

    Paysages de Pierre de Cortone dans l'exposition "Nature et Idéal", au Grand Palais ; également à Rome, galleria Barberini, la Vue de la villa Sachetti à Castel Fusano.

    (C'est ici vraiment que

      la vie afflue et s'agite sans cesse,
    Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer

    Ici on voit le frémissement élémentaire ; comme la branche dans le lit du vent, ou les herbes d'eau prises dans un courant, les êtres sont empreints par un souffle essentiel. La même impulsion fait que l'oiseau prend son vol et que les nuages s'assemblent au-dessus des monts, que la paysanne se retourne, que la baigneuse se détourne. Les voyageurs sont en marche. La brise favorable gonfle la voile, le fleuve roule dans la contrée, les fenêtres sont ouvertes dans les maisons que l'air traverse de part en part. La terre est fertile, giboyeuse et habitée.)

  • Saint Jean à Patmos

    Saint Jean à Patmos de Poussin dans l'exposition "Nature et Idéal", au Grand Palais.

    (Je ne peux voir, au plan intermédiaire, cet obélisque et ce temple vu de côté sans songer à un paysage réel : le profil de la Trinité des Monts et, devant lui, l'obélisque qui domine la place d'Espagne tels qu'ils apparaissent au débouché de la via Sistina et de la via Gregoriana, à Rome. Au-delà, en contrebas, à gauche s'étend la ville baroque et le Tibre et, sur l'autre rive, le mur circulaire du château Saint-Ange que le tableau représente explicitement. Le côteau où le prophète est assis est alors le rebord du Pincio ; la colline est rendue à la nature et jonchée de ruines. Rome au loin est travestie à l'antique. Le prophète, indifférent au paysage, ignore la glaise à modeler et les blocs prêts à être assemblés qui l'entourent. Il confie sa vision au papier ; et autour de lui, semblablement, le peintre ordonne le monde selon la métamorphose. )

  • Les murailles de Rome

    Toile de Goffredo Wals, dans l'exposition sur le paysage à Rome de 1600 à 1650 "Nature et Idéal", au Grand Palais.

    (Un soleil bas, invisible, éclaire à mi corps les tours de l'enceinte aurélienne ; sous la coiffe de buissons, les lits de brique sont usés par le temps. En contrebas des remparts, l'ombre fait rougeoyer les vêtements de quelques personnages indistincts. Au-delà s'étend un terrain nu, moitié place et moitié route. L'aire est fermée au fond par le mur bas d'une bastide, avec sa tourelle et sa porte close, que la végétation du jardin déborde. L'abandon de cet espace hors les murs, la vacance de l'heure forment l'image d'une ville écartée et quasi orientale dans son éloignement ; ses abords infréquentés ; ses portes mal fermées sur le désert. Accueil ou adieu, un serviteur se prosterne devant un voyageur descendu de cheval ou qui s'apprête à y monter. La lumière rasante fait briller derrière eux quelques points du faîte ou de la paroi de l'enceinte ultérieure ; elle plonge un côté du portail dans l'ombre et blanchit le montant opposé.)