Le "Coup de soleil", de Ruisdael.
Le ciel, où montent de grands nuages, occupe la majeure partie du tableau. La terre est traversée par une route et un fleuve qui se croisent, selon une forme habituelle à l'artiste, comme une paire de ciseaux largement ouverts rabattus à l'horizon (les ailes du moulin reprennent cette intersection, perpendiculairement). Les hommes, plongés dans le cours du temps, vont et viennent sur la route ou bien se baignent dans le fleuve, résistant au courant qui les entraîne. Mais ces images du flux et de l'écoulement sont surpassées par l'éclat d'un seul instant, qui fait briller la lande. Derrière la tache resplendissante, le clocher d'une église plongée dans l'ombre désigne le ciel. Le fort contraste de l'ombre et de la lumière sur la terre s'oppose aux gradations subtiles de l'atmosphère, qui va du bleu obscurci au blanc et au gris, puis aux traces au loin de l'averse. Mais de ce ciel successif et illimité tombe le point fugace de l'éclaircie.