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Mes bouquins refermés - Page 65

  • Nebenmonde

    Je sors. Il fait nuit noire. Dans l'obscurité totale, une lune très pâle luit au-dessus de nos têtes, au sommet exact du ciel. Son disque est uniformément gris, sans traits ni taches. Une seconde lune, pleine également, brille bas sur l'horizon. Sa lumière éclatante révèle les nuages interposés.

  • A nouveau Lovis Corinth

    Revu au musée de Leipzig l'exposition Lovis Corinth et, en particulier, le petit autoportrait devant le Walchensee. (L'autre, le grand, est à la Neue Pinakothek de Munich. Le catalogue cite, à propos de ce tableau, quelques lignes de l'épouse du peintre : "je pense à toi en train de peindre là-bas, debout dans cette chaleur de juillet, heure après heure, sans chapeau sur la tête, avec en outre le reflet du lac dans le miroir (...). Tu as travaillé dur pour ce tableau. Il est devenu d'une beauté enchanteresse (...) tout Urfeld même est contenu dans ce portrait.")

    Ces mots conviennent encore au petit autoportrait. Le plein air et la lumière du jour sont magnifiquement recréés. Mais il y a aussi un contraste poignant entre la jeunesse de cette lumière, les couleurs qu'elle donne au visage -  blond, rouge, blanc - et les traits vieillis du peintre qui s'en trouvent comme fardés. (Entre le vert des feuillages, l'habit clair, et le regard sombre). 

     

  • Reconstructions

    La Frauenkirche de Dresde vient d'être reconstruite. Autour d'elle un quartier, nouveau et ancien, s'élève, pastiche et restitution des rues qui l'entouraient avant la catastrophe. L'édifice lui-même (aux lignes lisses, sans jeu et sans défaut) est quelque peu accablant. Le dôme en pierre s'encastre dans les murs qui le soutiennent ; ils forment ensemble une énorme cloche d'une seule matière, lourdement posée au sol, entrouverte par des portes et des fenêtres étroites.  L'unité compacte n'est guère dérangée que par la bigarrure des pierres : parmi les blocs fraîchement taillés sont insérés d'autres noirs de crasse et de fumée (comme la plupart des monuments de la ville, qui n'ont pas été nettoyés). On comprend qu'il s'agit de pierres tirées des ruines et remises à leur place ou bien de pans qui étaient restés debout malgré l'effondrement.

    (Un autre contraste de ce genre, moins visible, dans les palais, les églises et les musées : les bâtiments ont souvent été lourdement endommagés par les bombardements ; ils ont été depuis admirablement restaurés. Mais les oeuvres d'art qu'ils contenaient, ayant été mises à l'abri, sont revenues les mêmes, intactes.  Les choses les plus fragiles se sont révélées les plus durables. Un désaccord ténu sépare ces objets des parois et des voûtes autour d'eux : comme si, malgré l'apparence, ils ne recelaient plus la même quantité de temps.)

  • In der Fremde

    frauenkirche_dresden_hi.jpg

    Bonnes vacances à tous !

    (Carus - Vue de la Frauenkirche de Dresde).

  • Lointains

     (On passe) de la disposition centrale, représentée par la cour centrale à la disposition longitudinale (...). On ménage pour l'oeil une perspective sur ce qui est au delà de la cour, et on entraîne ainsi l'imagination vers de lointains horizons. (...) Michel-Ange projette pour le Palais Farnèse une perspective ouvrant sur le jardin, avec le taureau Farnèse utilisé dans le groupe de la fontaine ; dans le fond il voulait jeter sur le Tibre un pont qui aurait conduit au domaine des Farnèse situé de l'autre côté du fleuve. (...)

    Le baroque stylise la nature pour lui donner l'attitude de la grandeur et la dignité mesurée que cette époque exige ; le parc cependant n'est pas absorbé par la loi architecturale : l'informel et l'infini sont introduits dans la composition (...) Le parc se perd dans la nature sauvage, il passe peu à peu à la nature sans forme et sans liens ; puis la perspective ouverte sur le paysage est considéré comme essentielle, on dispose des allées de façon que le lointain constitue leur conclusion (...).

    (Wölfflin - Renaissance et Baroque)

  • Ruisdael

    Un petit tableau de Ruisdael au Musée Jacquemart-André (difficile à voir, accroché trop haut, masqué sous de nombreux angles par la réverbération de l’éclairage). On y retrouve quelques éléments caractéristiques du peintre : comme dans la Vue de Haarlem du Rijksmuseum, l’horizon est bas et sans relief ; le paysage terrestre occupe un tiers de la toile ; les nuages s’étagent haut dans le ciel bleu pâle, passant par des transitions insensibles du blanc au gris presque noir. Comme dans le Coup de soleil du Louvre, les nuages projettent au sol un réseau diffus d’ombres et d’éclaircies, marquant au milieu une tache éclatante, vert jaune ; un ravin traverse le premier plan, en écharpe, plongé dans la pénombre ; il est limité dans le coin inférieur gauche par un point lumineux issu de la rive la plus proche. (Il y a souvent, ainsi, dans la zone inférieure des paysages de Ruysdael comme une paire de ciseaux largement ouverts : une ou deux obliques très rabattues qui déterminent un passage vers l’arrière-plan ; une rivière, un torrent, une route, une trouée dans les arbres… Elles contrastent quelquefois avec un motif impénétrable, au centre, comme dans le Buisson du Louvre).  

    Une eau bleu sombre coule au fond du ravin. On devine au-delà des maisons dans le talus. Derrière elles, une ligne de feuillages, peut-être un chemin creux, rejoint les ruines d’un château, tout au sommet de la tache claire. Ici se concentre la lumière éparse, formant le point le plus brillant de l’ensemble.

  • Like a séance in hell

    (Plus tard : Keith est de plus en plus longtemps absent, gagnant petitement sa vie au poker, suivant de ville en ville, d'hôtel en hôtel, le circuit des tournois. Un jour, Lianne assiste à une retransmission d'un tournoi ("like a séance in hell") - où Keith pourrait apparaître, tel un spectre dans le temps circulaire et la lumière sans jour des enfers :)

    (Lianne) came across a poker tournament on TV. (...) She saw three or four tables, in long shot, with spectators seated among them, clustered in pockets, in spooky blue light. The tables were slightly elevated, players immersed in a fluorescence glow and bent in mortal tension. (...) She hit the mute button and looked at the players seated around the tables as the camera slowly swept the room and she realized that she was waiting to see Keith.