Dans le Palazzo Principe, villa bâtie pour Andrea Doria aux portes de Gênes. Un beau portrait attribué à Salviati donne un visage à l'un des héros sans gloire de la Conjuration du comte de Fiesque du Cardinal de Retz : Gianettino Doria, fils d'un cousin, était l'héritier choisi par Andrea Doria. Il est tué par les conjurés, presque par mégarde, dans la nuit où ceux-ci lancent leur assaut contre les maîtres de Gênes.
Jannetin Doria, éveillé ou par le buit qui se fit à cette porte ou par les cris qui se faisaient en même temps dans le port, se leva en grande hâte, et, sans être suivi d'autre personne que d'un page qui portait un flambeau devant lui, il accourut à la porte de Saint-Thomas, où, ayant été reconnu par les conjurés, il fut tué en arrivant.
La mort de Jannetin est décrite quelques lignes avant celle de son adversaire, Fiesque. L'escamotage du personnage principal détermine alors l'échec de la conjuration et fait un contrepoint presque burlesque aux graves considérations de politique et de stratégie qui l'ont précédé :
(...) craignant que, dans cette confusion, la chiourme ne relevât la capitane, sur laquelle il entendait beaucoup de bruit, (Fiesque) courut en diligence pour y donner ordre, et, comme il était sur le point d'y entrer, la planche sur laquelle il passait venant à se renverser, il tomba dans la mer ; la pesanteur de ses armes et la vase, qui était profonde en cet endroit, l'empêchèrent de se relever, et l'obscurité de la nuit jointe au bruit confus qui se faisait de toutes parts ôtèrent aux siens la connaissance de cet accident, en sorte que, sans s'apercevoir de la perte qu'ils avaient faite, ils achevèrent de s'assurer du port et des galères.
(...) Le corps du comte fut trouvé au bout de quatre jours, et ayant été laissé quelque temps sur le port sans sépulture, il fut enfin jeté dans la mer par le commandement d'André Doria.