Pour Venise, l'immigrant arrive des villes voisines (...) et des campagnes et montagnes proches (le Titien est de Cadore). Si les gens du Frioul - les Furlani - sont de bonnes recrues pour la domesticité et les gros travaux, voire, hors de la ville, les tâches agricoles, les mauvais garçons, il y en a, viennent tous, ou presque tous, des Romagnes et des Marches. Tutti li homeni di mala qualità, dit un rapport de mai 1587, o la maggior parte di loro che capita in questa città sono Romagnoli e Marchiani. Visiteurs indésirables et d'ordinaires clandestins, ils pénètrent de nuit dans la ville, par des filières régulières, s'adressent à quelque barcaruol qui ne peut refuser l'accès de sa barque à des hommes armés souvent de l'arquebuse à rouet, de roda, et qui, à l'amiable ou non, se font conduire jusqu'à la Giudecca, à Murano ou à telle autre île.
(Braudel, La Méditerranée)