Notre prochaine étape est au nord, mais je me rends compte que nous avons roulé tout le matin avec le soleil à gauche, vers le sud. Ici, à cet embranchement, la situation peut être redressée. L’autoroute se divise en une multitude de voies prises dans le nœud compliqué d’un échangeur. En serrant au plus à droite nous rejoindrons le boulevard périphérique qui ramènera dans la bonne direction et nous trouverons notre route en contournant la ville.
Non : la chaussée nouvelle devient plus étroite. Elle n’a plus qu’une voie (l’autre sens est en contrebas, derrière le talus, et s'écarte). L’asphalte fait place à des tables de béton disjointes. La route traverse une banlieue. Les rues sont en terre, les maisons grises et basses, sans étage. Seul, çà et là, le tronc noir d'un acacia porte sa tête plus haut. Le feuillage tendre, encore neuf, tranche sur la brique et les tuiles couleur cendre. La terre croule sur la chaussée, la route finit en cul-de-sac. Sur le terre-plein une vieille femme debout, sèche et noire, nous a vus mais ne regarde pas. Sa main pend, arrêtée, les doigts écartés et tordus.
Derrière elle, un enfant court ; ce n’est peut-être que le mouvement du passage qui s'éloigne encore entre deux buttes. Au détour de ce chemin, le temple apparaît à flanc de colline. Rien ne l'annonce, nous ne savions rien de lui. Une rangée de stûpas, reliés par un mur, s'élève à travers la pente. Au-delà d'autres constructions s'étagent dans la nuit et font deviner la taille considérable de l'ensemble alors que le plus haut bâtiment se termine par un dôme. Mais l'extraordinaire de cette vision est le ciel noir et sans astres qui est venu avec elle et la lumière de clair de lune qui l'illumine et cerne d'ombre et fait briller les formes rondes et blanches. (Plus loin nous retrouvons l'agitation de la foule et d'autres monuments ouverts, une cour bordée d'arcades sous un jour indifférent, lointain et bleu).