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Terre et mer

La route, suivant la mer, s'écarte de l'alignement des immeubles. Elle cerne  un vaste parc de pelouse, entre la ville et le rivage, bossué comme un champ de dunes. Elle finit à  la pointe par ce groupe de ponces jaunes, amas de blocs et de piliers tournés par des chemins. L'endroit et le minéral sont obscurément liés à  la fondation de la ville. On y vient en foule ramasser des cailloux ou en arracher des parois (car la  superstition veut qu'un fragment pris à  ces pierres porte bonheur : à ce compte,  il n'en restera bientôt plus rien).
La mer au-delà  finira peut-être aussi par disparaître. Tout le terrain jusqu'aux rochers jaunes a été gagné sur elle. Dans le temps, un bras de mer séparait l'île et la terre-ferme ouvrant la ville en deux. Aujourd'hui, par endroit, il n'y a plus qu'un chenal si étroit entre les façades riveraines que le passage d'un navire le ferme entièrement.
La transformation se poursuit encore sous la surface ; une véritable cité sous-marine a été creusée dans le détroit, reliant un bord à l'autre.  En se penchant ici, on peut voir ses lumières briller dans l'eau. Sous un plafond de verre, des salles et des galeries, parcourues en tout sens. Une figure noire, petite et seule, escalade un grand escalier triangulaire, montant vers une arche colossale. Des nébulosités s'interposent dans l'épaisseur transparente et flottent sur le spectacle comme des bancs de brume dans l'air.

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