Au théâtre du Châtelet.
Pendant tout le premier acte l'impression que quelque chose pèse sur la musique : assombrit la couleur orientale, affaiblit les danses, et ternit un peu même les passages les plus brillants, le crescendo de l'arrivée d'Alaouddin ou l'hymne du Brahmane à la gloire de Padmâvatî ; l'éclat est retenu au loin, comme les lueurs de l'armée ennemie massée derrière l'horizon. Et puis l'ombre s'approfondit somptueusement (c'est dans les dernières minutes de l'acte) : Padmâvatî paraît à nouveau, seule, et chante (ou déclame) pour la première fois, énonçant la prémonition funèbre (la deuxième partie ne sera que le développement et l'accomplissement de cette vision).
(La mise en scène, naïve (avec son tigre, son éléphant et ses danseurs), se tient, dirait-on, pareillement à distance ; les figurants et les danseurs semblent presque intimidés par les rôles chantés à moins qu'ils ne s'effacent, selon le drame, devant les figures tragiques.)