Malgré lui, nous le ferons partir et quitter son exil. Il est seul à pouvoir arrêter l’enchaînement désastreux, la guerre, notre défaite. Sa présence là-bas, de l'autre côté de la frontière, suffira à dénouer la crise. Il n’a rien à craindre de nos adversaires, sa renommée est grande chez eux. Le conseil secret s’est réuni tard dans la nuit ; nous avons fait naître les bruits les plus insultants ; nous avons parlé de trahison, d’intelligence avec l’ennemi. Sa villa sera attaquée au petit matin. Il ne lui sera laissé que le temps de fuir.
D’ici à l’autre bord, le seul passage est cette machine de bois qui enjambe le ravin et que personne n’a empruntée depuis des lustres. Les poutres sont arrangées en plates-formes qui s’échafaudent en escalier, montant puis descendant. Chaque palier est couvert d’herbes hautes. Il faut y progresser à genoux, agrippant l’herbe à pleines mains.