Je sors. La côte déploie vers le Nord ses à-pic vertigineux. Le cap le plus haut trace au fond une énorme masse brun-vert. Un mât d’antenne y est planté, lointain et rapetissé, rouge et blanc ; derrière il y a le fjord de Narvik et au-delà, estompées par la distance, les racines puissantes de l’arc des Lofoten. Une fumée flotte là-bas à mi-hauteur de falaise, c'est l’haleine du Maelström que le promontoire dissimule. Notre petite bande se fatigue ici à piétiner les pelouses, allant entre les bâtiments gris ou sur l’herbe jaune des bas-côtés. Une file se forme et tous s’acheminent dans la direction du Nord. Le ciel est si pur, l’azur si profond qu’il paraît noir.