Le froid a asséché la lagune ; la mer s'est retirée au loin. Les fonds noirs sont voilés par le givre. Les bateaux restent en l'air, perchés sur leur quille, ou bien sont couchés sur le flanc. Je connais bien cette ville, j'y suis venu souvent. J'en fais le tour à nouveau, marchant sur les quais pavés de couleurs claires, gardant ses murs blancs à main gauche. La mer est revenue, très en contrebas, brillante et calme. Il y a ici, dans le parcours, une ouverture étroite dont je me souviens : une brèche dans la paroi, barrée d'une rampe. Après tout ce temps, saurai-je encore m'y glisser, retrouver la gymnastique particulière, l'angle et la torsion du corps qui en sont comme la clé ? et passer de l'autre côté, continuer le chemin.