Le Promontoire, de Henri Thomas. Un village en Corse où officient un prêtre latin et un prêtre grec. Le narrateur y passe l'été dans l'unique hôtel, avec sa femme et leur petite fille. Il est occupé à des travaux d'écriture. Un écrivain (une connaissance du narrateur) s'arrête quelques jours dans le village : il leur fait remarquer les yeux inquiets de la patronne de l'hôtel. Quelques jours après la maladie se déclare ; la patronne est emmmenée à Ajaccio pour une opération. La saison passe. La femme et l'enfant retournent sur le Continent. Le narrateur quitte l'hôtel et s'installe dans une maisonnette presque abandonnée (il ne s'en ira plus). Il se mêle à la vie des habitants les plus humbles du village : le cantonnier, un pêcheur, un berger. L'hiver est très rude. La patronne de l'hôtel meurt. En se rendant à la veillée mortuaire, le narrateur voit la cafetière qu'on apporte pour la veillée :
(...) la porte du café s'est ouverte et quelqu'un est sorti portant un objet blanc dans ses bras sur sa poitrine. Je l'ai rattrapé, c'était le fils du boulanger, et il portait une très grande cafetière qui a commencé à fumer dans le froid ; elle était enveloppée de serviettes, pour que le café ne refroidisse pas, ou pour que le gosse ne se brûle pas les doigts. (...) La cafetière appartient à Séraphine mais elle ne s'en sert jamais pour les clients de son café.
- Bon Dieu, dit le gosse, elle est trop pleine, oh là là !
J'ai dit :
- Donne-moi ça.
En effet, elle était pleine à ras, et de café bouillant, car je n'ai pas tardé à sentir la chaleur sur ma poitrine à travers mes vêtements. (...) J'étais bien certain que si je ne reconnaissais pas les gens qui marchaient, qui me dépassaient, eux m'avaient tout de suite reconnu. Je serais attendu, là où j'allais ! Je ne pensais guère à la mort, moi qui portais la cafetière des morts.