Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Noms de musiciens - Page 3

  • Debussy, Szymanowski, Scriabine

    Concert, salle Pleyel.

    (Après les sublimes et fort pelléassiens Nocturnes de Debussy, deux oeuvres que je ne connais guère ou pas du tout et dont je ne me souviens déjà plus beaucoup : le Poème de l'extase de Scriabine me fait l'effet d'une compilation des climax de Tristan et Isolde, ce n'est pas ce qu'il y a de plus exaltant.)

  • Schumann, Schubert, Strauss

    Concert à la salle Pleyel : lieder avec orchestre de Schubert et Strauss.

    (A chaque fois que j'entends le Morgen ! de Strauss, il s'agit en l'occurence de la troisième en quelques semaines, je me demande ce qui peut rendre supportable un tel assaut de mièvrerie, quand bien même il serait merveilleusement chanté comme ce soir ; tant de sucre ne devrait-il pas soulever le coeur, a fortiori dans cette version pour orchestre où le violon solo passe les limites de la décence ? Le charme qu'on peut y trouver, s'il existe, tient peut-être à cette façon de commencer au milieu d'une phrase, par cette conjonction "Und" précédée d'une longue introduction ; la pièce se présente ainsi comme la péroraison d'un vaste discours enseveli, comme la conclusion soudain articulée d'une rêverie longtemps muette ; mais n'est-ce pas là tout bonnement un truc de chanson sentimentale ?)

  • Bach

    Passion selon Matthieu, salle Pleyel.

    (Les parties chorales ne sont pas chantées ici par un ensemble constitué mais par la réunion des solistes, renforcée par un petit groupe. Cependant l’impression n’est pas fondamentalement changée : le grand chœur final semble propulsé, comme ailleurs chez Bach, par quelque vaste machine pneumatique.  Le souffle qu’elle génère trahit, dans ses fluctuations,  la sinusoïde qui résulte de la rotation de tambours invisibles et inaltérables. Et son moteur est plus puissant que les forces humaines qu’elle anime, plus stable que leur élan. La Passion devrait s’achever par une  pierre d’attente et  préparer à l’événement qui lui succède et lui donne son sens. Mais ici la musique semble perpétuer l’entre-deux par son ambivalence : est-ce un appel ? est-ce une berceuse ?  L’instant s’éternise dans le cercle d’une litanie : nous veillons, tu reposes, nous dormons, tu veilles.)

  • Bach

    Passion selon Jean, à la Cité de la musique

    (Le plus étonnant dans la distribution, c’était Jésus : moins sublime, plus combatif qu’à l’ordinaire, très humain quoique ou parce qu’un peu étrange ; dans son face à face avec Caïphe ou Pilate on pouvait presque le soupçonner de morgue ou de vantardise (il ne manque pas de faire savoir qu’il a quelques légions célestes à sa disposition) ; bref pour une fois, dans cette première partie, l’interprète ne chantait pas le rôle comme, on l’imagine, le ferait le Beau Dieu d’Amiens descendu de son trumeau et s’il n’était de pierre.)

  • Berg, Brahms, Debussy, Strauss

    Récital à la salle Pleyel.

    Das ist des Frühlings traurige Lust !

    (Le récital se termine (avant la récréation des bis) par le Frühlingsfeier de Heine mis en musique par Richard Strauss. Alors, tout en faisant mine d’arranger ses mains en porte-voix, se tournant vers le public, successivement aux trois points cardinaux de la salle Pleyel (le quatrième à l’arrière-scène est resté vide), la chanteuse répète le cri antique et neuf de toute éternité, propre à réveiller tous les cadavres, qu’ils soient vieux de trois jours ou de trois mille ans : Adonis ! Adonis !  )

  • Beethoven

    Neuvième symphonie, salle Pleyel.

    (Ici ce n’est pas le premier mouvement, chaos du début du monde avec ses déflagrations démiurgiques ; ni le deuxième et son trot irrésistible – ma voisine bat sans vergogne le plancher de la salle Pleyel ; c’est le troisième  qui décide la victoire : ce que ni le demi-dieu créateur ni le conducteur d’armée n’avaient pu surmonter s’efface maintenant dans la lumière. La musique procède par éclaircissements successifs, par des oraisons lancées vers le ciel. La montagne est passée. De l’autre côté, les peuples se rassemblent pour le chant de triomphe.)

  • Beethoven

    Quatrième et septième symphonies, salle Pleyel.

    (Il y a aussi dans la Septième une apothéose de la musique militaire, du "concerto di tromboni, di bombarde, di cannoni" de Figaro : le musicien a pris le commandement d’un bataillon idéal. Il est ivre du plaisir de pouvoir à volonté mettre au trot tout un escadron de hussards et de l'immobiliser le pied en l’air, tous dans le même pas. Il déclenche d'un cillement les cavalcades, les charges, les arrêts, les reculades. Dans les moments d'apaisement, le régiment n’est pas sans grâce et sait à l’occasion saluer d’une révérence. Il ne s’agit pourtant pas de défier l’adversaire : il n’y en a pas. L’offensive est unanime. Les cuivres rayonnent, la buffleterie brille, les trompettes tonnent. La bataille n’est pas de ce monde, tout le combat est une danse. Et l'armée ne soulève pas de poussière, sinon le poudroiement de la gloire.)