Passion selon Matthieu, salle Pleyel.
(Les parties chorales ne sont pas chantées ici par un ensemble constitué mais par la réunion des solistes, renforcée par un petit groupe. Cependant l’impression n’est pas fondamentalement changée : le grand chœur final semble propulsé, comme ailleurs chez Bach, par quelque vaste machine pneumatique. Le souffle qu’elle génère trahit, dans ses fluctuations, la sinusoïde qui résulte de la rotation de tambours invisibles et inaltérables. Et son moteur est plus puissant que les forces humaines qu’elle anime, plus stable que leur élan. La Passion devrait s’achever par une pierre d’attente et préparer à l’événement qui lui succède et lui donne son sens. Mais ici la musique semble perpétuer l’entre-deux par son ambivalence : est-ce un appel ? est-ce une berceuse ? L’instant s’éternise dans le cercle d’une litanie : nous veillons, tu reposes, nous dormons, tu veilles.)