A l'Opéra Garnier.
La première partie (orchestration de mélodies de Janacek) est ratée. Cette histoire, en forme de confidence, n'a rien à faire à l'opéra (du moins confrontée au psychodrame à grand spectacle qui suit).
Dans la deuxième partie, il y a en revanche une bonne adéquation entre la mise en scène et l'oeuvre théâtrale de Bartok : chaque "truc" visuel successif est un équivalent des inventions sonores qui à l'orchestre figurent le contenu des chambres ouvertes l'une après l'autre ; des images des armes, de l'or, de l'espace, des larmes, du sang emplissent à leur tour l'espace de la scène et des sons.
D'autres exemples. Judith parcourt le château très vieux et très sombre. Un motif obsédant la montre gravir le grand escalier emboîté en lui-même dans un espace déchiqueté (des sosies arpentent les décors projetés d'un bout à l'autre du plateau).
Judith est filmé en gros plan quand ses yeux (et sa voix pleine de séduction émue) implorent : Barbe-Bleue, donne-moi la clé !
A l'ouverture de la chambre qui donne sur l'étendue presque infinie des domaines du seigneur (les cuivres à gorge déployée), Judith est debout penchée au-dessus d'une faille d'où souffle le vent (image verticale de l'immensité.)