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Mes bouquins refermés - Page 4

  • "a more general Motive to reading than is commonly imagined"

    (Du prologue au théâtre, et des préfaces dans la littérature imprimée :)

    Again, the indolent Reader, as well as the Spectator, finds great Advantage from both these; for as they are not obliged either to see the one or read the others, and both the Play and the Book are thus protracted, by the former they have a Quarter of an Hour longer allowed them to sit at Dinner, and by the latter they have the Advantage of beginning to read at the fourth or fifth Page instead of the first; a Matter by no means of trivial Consequence to Persons who read Books with no over View than to say they have read them, a more general Motive to reading than is commonly imagined; and from which not only Law Books, and Good Books, but the Pages of Homer and Virgil, of Swift and Cervantes have been often turned over.

    (Fielding, Tom Jones, XVI, 1).

  • Un Poussin inédit

    La composition était déjà connue par une copie ancienne. Je me souviens que Poussin, quand il abandonna la charge honorifique qu'il occupait à la tête de l'Académie de Saint-Luc, prit l'habitude d'offrir chaque année à celui qui lui avait succédé la copie d'une œuvre qu'il était en train d'achever ; il la faisait réaliser dans son atelier parallèlement au travail qui l'occupait ; le tableau était livré au directeur actuel au jour anniversaire de son élection. C'est par comparaison avec cette copie éminente que le tableau a pu être authentifié. A l'arrière, deux bergers d'Arcadie conversent assis dans les rochers, figurant la vertu de l'Amitié ; l'un a les jambes croisées et sa tête se détourne, l'autre montre son profil, exactement semblable à celui de l'Apollon amoureux de Daphné, du Louvre. Au premier plan, la tête d'un grand sanglier, posée comme un trophée sur une table de pierre, parmi des feuilles et des fruits, qu'elle ensanglante. 

  • During wind and rain

    Par un temps de pluie et de vent

     

    Ils chantent leurs chansons les plus chères ;
    Elle, lui, eux tous : oui,
    Soprane, ténor et basse,
    Alors qu'un autre joue ;
    Et que les bougies font luire les visages...
    Oh non... les années, hélas !
    Comme les feuilles jaunes tombent en masse !

    Ils nettoient la mousse insidieuse ;
    Jeunes et vieux : ah !
    Ils font le chemin net
    Et le jardin clair ;
    Ils encoignent un siège dans l'ombre...
    Oh non... les années, les années ;
    Regarde passer les oiseaux blancs de la tempête !

    Joyeux ils se sont tous assis pour déjeuner ;
    Hommes faits et jeunes filles : oui,
    Sous l'arbre d'été,
    Avec l'éclat de la mer au loin,
    Et la basse-cour vient becquer à leur genoux...
    Oh non... les années, hélas !
    Et le rosier mort est arraché du mur.

    Ils déménagent pour une grande et neuve maison,
    Elle, lui, eux tous : ah !
    Horloges, chaises et tapis
    Sur la pelouse tout le jour
    Avec toutes ces choses brillantes qui sont les leurs...
    Oh non... les années, les années ;
    Les gouttes de pluie sillonnent leurs noms gravés dans la pierre.

    (D'après Thomas Hardy).

     

     

     

  • "These were the only Men I ever conversed with..."

    "In Italy the Landlords are very silent. In France they are more talkative, but yet civil. In Germany and Holland they are generally very impertinent. And as for their Honesty, I believe it is pretty equal in all those Countries. The Laquais a Louage are sure to lose no Opportunity of cheating you: And as for the Postilions, I think they are pretty much alike all the World over. These, Sir, are the Observations on Men which I made in my Travels, for these were the only Men I ever conversed with. My Design when I went abroad, was to divert myself by seeing the wondrous Variety of Prospects, Beasts, Birds, Fishes, Insects, and Vegetables, with which God has been pleased to enrich the several Parts of this Globe. A Variety, which as it must give great Pleasure to a contemplative Beholder, so doth it admirably display the Power and Wisdom and Goodness of the Creator. Indeed, to say the Truth, there is but one Work in his whole Creation that doth him any Dishonour, and with that I have long since avoided holding any Conversation."

    (Henry Fielding, Tom Jones, VIII, 15).

  • Cerises

    ...Oh quand vous parlez de votre Violaine, c'est comme du sucre,
    C'est comme une cerise qu'on suce, au moment que l'on va cracher le noyau !

    (Claudel, la Jeune Fille Violaine)

  • Singapour

    Quand nous sommes sortis du centre de conférences, nous étions face à la ville de Singapour. Je voyais devant moi, sur la rive, le désordre des constructions enchevêtrées, où nul plan ne se devine (le bâtiment des conférence occupe un îlot artificiel face à l'ancienne ligne des docks). Les immeubles cachent à leur pied les rues et les voies de circulation. Ce sont des cubes de bétons, parfois vitrés, plus ou moins défraîchis, les plus vieux noircis par l'humidité, d'où s'élèvent les tours modernes des grands hôtels, couronnées de leur enseigne lumineuse que la nuit mouillée entoure d'un halo. Mes collègues lisaient là-bas le nom de leur gîte, et connaissaient le chemin ; le mien n'apparaissait pas parmi les marques illuminées : il me faudrait aller chercher plus loin à droite, à l'aveuglette. Nous nous sommes séparés, non sans nous être promis de nous retrouver plus tard ici, sur la jetée du plus moderne des palaces. Il faut avoir bu un verre face au large, sur l'ultime plate-forme en avancée, parquetée de bois précieux, les visages enluminés par les bouffées des torchères, devant l'horizon maritime avec les loupiotes des navires qui clignent. Des navettes électriques vous y emmènent trop vite, après une subite accélération dès qu'elles ont dépassé le quai. J'étais déjà assis dans le petit véhicule semblable à ces nacelles qu'on trouve dans les fêtes foraines : deux hôtesses vous y accueillent distraitement ; elles ne sont plus si jeunes que leur habit ou leur silhouette pourrait le faire croire d'abord. Je remarquais que l'une d'elles portait un étrange bijou : un collier formé d'un seul anneau serré autour du cou et dans lequel un second anneau est glissé, plus petit, qui tombe dans la nuque ; il fait comme le premier maillon d'une chaîne dont l'image tristement peu à peu s'imposait à moi.

  • Lire, l'été

    Je lis allongé ce soir sous la fenêtre ouverte ; et, si je lève les yeux, je vois dehors un carré du ciel tranquille. L'été y vogue lentement avec quelques nuages bleus, presque arrêtés. M'interrompant décidément, je pourrais méditer sur ces trois chambres emboîtées : la chambre de l’œil, la chambre réelle qu'est la pièce où je suis et, au-delà, la chambre du monde ; et je ne sais quelle preuve, quelle conclusion de commensurabilité ou d'incongruité, sortira de la considération de ces espaces gigognes. Si je rêvasse assez longtemps le crépuscule tournera au noir et les constellations apparaissant offriront une vision négative, illisible et cosmique de la page que je tiens debout sur mon ventre. Non — à Paris, on ne voit guère les étoiles.