Par un temps de pluie et de vent
Ils chantent leurs chansons les plus chères ;
Elle, lui, eux tous : oui,
Soprane, ténor et basse,
Alors qu'un autre joue ;
Et que les bougies font luire les visages...
Oh non... les années, hélas !
Comme les feuilles jaunes tombent en masse !
Ils nettoient la mousse insidieuse ;
Jeunes et vieux : ah !
Ils font le chemin net
Et le jardin clair ;
Ils encoignent un siège dans l'ombre...
Oh non... les années, les années ;
Regarde passer les oiseaux blancs de la tempête !
Joyeux ils se sont tous assis pour déjeuner ;
Hommes faits et jeunes filles : oui,
Sous l'arbre d'été,
Avec l'éclat de la mer au loin,
Et la basse-cour vient becquer à leur genoux...
Oh non... les années, hélas !
Et le rosier mort est arraché du mur.
Ils déménagent pour une grande et neuve maison,
Elle, lui, eux tous : ah !
Horloges, chaises et tapis
Sur la pelouse tout le jour
Avec toutes ces choses brillantes qui sont les leurs...
Oh non... les années, les années ;
Les gouttes de pluie sillonnent leurs noms gravés dans la pierre.
(D'après Thomas Hardy).