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Diversion - Page 5

  • Arrière-saison

    L'allée passe de la fontaine de l'Hiver à celle de l'Automne et au-delà se termine en montant à une porte latérale de l'orangerie : une des plus belles portes du monde, mais on n'entre pas. La vue qu'on a sur sa droite, arrivé là, c'est l'Italie (les bords du lac de Côme, la Villa del  Balbianello). Les palmiers en pot sont alignés le long du mur, sous l'escalier des cent marches. Au bout de l'allée de la dormeuse (nommée selon une statue d'Ariane endormie), à travers la balustrade et les troncs noirs, les eaux de la pièce des Suisses brillent sous les arbres à contre-jour.

  • Berlin Rome

    (S'il faut absolument trouver une correspondance entre les deux étapes du voyage :) Deux villes dont le coeur s'est effondré après une catastrophe. De larges espaces centraux ont été détruits et abandonnés aux terrains vagues. La métropole n'a pas disparu : des tronçons disloqués du corps immense ont recommencé à vivre de leur vie propre. De nouveaux quartiers ont grossi à partir des fragments ; de nouveaux centres, autrefois périphéries, se sont édifiés, Latran ou Saint-Pierre, réorganisant une cité autour d'eux. Puis, à un certain moment, les quartiers divisés sont à nouveau contigus ; tout l'espace ancien est couvert ou rouvert. Une unité est retrouvée. Des travaux d'urbanisme rétablissent des passages, des perspectives, des hiérarchies, incorporant ou corrigeant les aménagements récents, retrouvant les arrangements primordiaux, en créant d'inédits. (Mais le phénomène a lieu en quelques décennies à Berlin et dure plus de mille ans à Rome).

  • Reconstructions

    La Frauenkirche de Dresde vient d'être reconstruite. Autour d'elle un quartier, nouveau et ancien, s'élève, pastiche et restitution des rues qui l'entouraient avant la catastrophe. L'édifice lui-même (aux lignes lisses, sans jeu et sans défaut) est quelque peu accablant. Le dôme en pierre s'encastre dans les murs qui le soutiennent ; ils forment ensemble une énorme cloche d'une seule matière, lourdement posée au sol, entrouverte par des portes et des fenêtres étroites.  L'unité compacte n'est guère dérangée que par la bigarrure des pierres : parmi les blocs fraîchement taillés sont insérés d'autres noirs de crasse et de fumée (comme la plupart des monuments de la ville, qui n'ont pas été nettoyés). On comprend qu'il s'agit de pierres tirées des ruines et remises à leur place ou bien de pans qui étaient restés debout malgré l'effondrement.

    (Un autre contraste de ce genre, moins visible, dans les palais, les églises et les musées : les bâtiments ont souvent été lourdement endommagés par les bombardements ; ils ont été depuis admirablement restaurés. Mais les oeuvres d'art qu'ils contenaient, ayant été mises à l'abri, sont revenues les mêmes, intactes.  Les choses les plus fragiles se sont révélées les plus durables. Un désaccord ténu sépare ces objets des parois et des voûtes autour d'eux : comme si, malgré l'apparence, ils ne recelaient plus la même quantité de temps.)

  • In der Fremde

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    Bonnes vacances à tous !

    (Carus - Vue de la Frauenkirche de Dresde).

  • 2 puissance 5

    En ces temps "particulièrement calmes", me raccrochant ici, ou , je réponds laborieusement aux trente-deux questions suivantes :

    1) Quel(s) souvenir(s) avez-vous de votre apprentissage de la lecture ?- Aucun.

    2) Vos lectures préférées lorsque vous étiez enfant ? - Pour n'en garder qu'un : Jules Verne.

    3) Aimez-vous la lecture à haute voix ? Comment ? Pourquoi ? - Non. Je perds le fil.

    4) Votre conte préféré ? - Un conte de Stifter : Cristal de Roche.

    5) La meilleure adaptation cinématographique d'un roman ou d'une pièce de théâtre ? - Les Mille-et-une Nuits de Pasolini.

    6)Apprenez-vous par cœur certains poèmes, répliques de théâtre ou passages de roman ?- Oui, quelques poèmes.

    7)Avez-vous des livres ou des magazines dans vos toilettes ? Lesquels ? - Oui. J'espère ainsi, par la contrainte, venir à bout des Contemplations.

    8) Avez-vous plusieurs lectures en cours ? Combien ? Lesquelles ? - Un certain nombre abandonnées, peut-être définitivement. Sinon : Falling Man, de De Lillo.

    9) Le poète que vous ne cesserez jamais de relire / de vous réciter ? - Bonnefoy, Thomas, Michaux, Claudel, Rimbaud, Mallarmé, Baudelaire, Nerval et, tant qu'à empiler les sublimités, Leopardi, Keats, Dante...

    10)Le livre que vous avez lu le plus rapidement ? Le plus lentement ? - Le plus lentement : peut-être, Under the Volcano, de Lowry, que je me suis efforcé de terminer. Le plus rapidement (relativement) : de gros livres comme Les Démons de Doderer, Gens Indépendants de Laxness ou La Ville et les chiens de Vargas-Llosa.

    11)Le(s) livre(s) que vous ne rangez jamais dans votre bibliothèque et qui traîne(nt) toujours ? - Les dictionnaires.

    12)Préférez-vous les éditions de poche aux éditions originales ? Pourquoi ? - Je préfère les poches parce qu'ils sont plus faciles à emporter.

    13)Quel est votre rapport physique à la lecture ? Debout ? Assis ? Couché ? - Assis.

    14)Vos lectures sont-elles commentées « crayon à la main » ? - Non.

    15)Offrez-vous des livres ? - Oui. (Bien que je lise rarement ceux qu'on m'offre).

    16)La plus belle dédicace ? (Qu'elle soit de l'auteur ou de celui/celle qui vous l'offrît) - La plus récente.

    17)Quel est votre rapport sensuel au livre ? (son odeur, sa texture, le son des pages tournées, …) - Je n'aime pas l'idée qu'on puisse aimer un livre pour son odeur, sa texture, son bruit.

    18)Quel(s) est (sont) le(s) auteur(s) dont vous avez lu l'œuvre intégrale ? - Pas l'intégrale mais par séries, assez naturellement, cherchant à prolonger le "plaisir" d'une lecture ; récemment : Jaccottet, Machado de Assis, Coetzee.

    19)Un livre qui vous a particulièrement fait rire ? - Le Brave Soldat Chveik, de Hasek.

    20)Un livre qui vous a particulièrement ému ? - La mort de Snorri Sturluson, dans la Saga des Sturlungar.

    21)Le livre qui vous a terrifié ? - Auto-da-fé, de Cannetti.

    22)Le livre qui vous a fait pleurer ? - Les livres ne me font pas pleurer (même pas, sans la musique, Pelléas et Mélisande).

    23) L'avertissement / l'introduction qui vous a le plus marqué ? - Salut (Le poème que Mallarmé a placé en exergue de ses Poésies).

    24)Le titre le plus marquant / original / décalé / astucieux ?- La Méprise de Nabokov (mais je ne sais pas quel est le titre d'origine).

    25)Décrivez votre (vos) bibliothèque(s). - 1m20 sur 2m50. A raison d'une cinquantaine par rayon, environ 400 volumes. Souvent réarrangée et élaguée pour éliminer le trop-plein.

    26)Le(s) livre(s) dont vous vous êtes finalement débarrassé(s) ? - Très nombreux : dernièrement, les Carnets de Léonard de Vinci.

    27)L'endroit le plus insolite où vous lisez ? - Rien d'insolite.

    28)Il ne vous reste que trois jours à vivre, que souhaitez-vous lire ou relire ? - Je crains de ne pas avoir la tranquillité d'âme qu'il faudrait.

    29)Votre livre d'art préféré ? - L'Arrière-pays, de Bonnefoy.

    30)La bibliothèque idéale ? - Semblable aux Essais de Montaigne.

    31)L'incipit qui vous a le plus marqué ? - Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.

    32)La fin qui vous a le plus marqué ? - La fin de la Vie de Henry Brulard (que je confonds avec la fin du Hussard sur le toit :) "Il était fou de bonheur".

  • Images de Laon

    (...) au sommet de la colline de Laon la nef de la cathédrale (...) posée comme l’Arche du Déluge au sommet du mont Ararat, emplie de Patriarches et de Justes anxieusement penchés aux fenêtres pour voir si la colère de Dieu s’est apaisée, emportant avec elle les types des végétaux qui multiplieront sur la terre, débordante d’animaux qui s’échappent jusque par les tours où des boeufs, se promenant paisiblement sur la toiture, regardent de haut les plaines de Champagne. (Proust)

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    (Les bœufs juchés de Laon n’ont peut-être pas d’autre justification que de marquer la solidité de tours et d’exalter, par contraste, la légèreté des colonnes qui les soutiennent, indiquant qu’il y a assez de sol là-haut pour que le plus gros des animaux puisse marcher ; la prouesse équivalait à faire monter la moins agile des bêtes plus haut encore que le sommet de la colline, comme les pierres qu’elle aida à porter, en plein ciel).

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    Enchâssement de formes semblables : les tours sont creuses ; à la façon d’échauguettes, des édicules ouverts bâtis sur des colonnes sont disposés aux angles, qu'ils évident. Les tours elles-mêmes, aux extrémités du transept et du portail principal, tracent un quadrangle échafaudant l’espace au-dessus de la cathédrale.

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    (Photos VP.)
  • Inondation

    Vu d'avion, le pays paraît relever d'une inondation, gorgé d'eau, rempli de flaques laissées par le reflux. Les canaux découpent les champs en longues lanières ; ils ressemblent à des sillons ou des ornières submergés. Les lacs ont l'air un peu plus hauts que leur rive, sur le point de se répandre, retenus seulement comme une goutte par la tension superficielle. Au milieu des eaux grises flottent une prairie, un bouquet d'arbres, la campagne comme des nénuphars.