Don Giovanni, à l'opéra Bastille.
(« L’air du champagne » prend une toute autre résonance de la pantomime qui le précède : Don Giovanni ouvre une fenêtre de la tour de bureaux qu’il hante et se penche au-dessus du vide. Ainsi dans les écoles de cinéma, on démontre la puissance du montage en faisant voir comment une scène change de sens selon qu’on y ajoute le plan rapproché d’un visage effaré par la terreur. Ici l’air est transformé encore par la rage qui s’empare du personnage et qu’y met le chanteur : elle le conduit de ce seuil où il a fait demi-tour jusqu’aux lèvres de Leporello – qu’il embrasse. Même hiatus dans le finale du premier acte entre la situation représentée, où personne ne danse, et la lettre du livret : mais il est pleinement en accord avec la mise en musique elle-même et son atmosphère de fête affreuse et ratée où le rythme guilleret des pas contredit la duplicité des uns et des autres, leurs apartés et l’orage près de s’abattre.)