Je suis monté jusqu’à cette terrasse espérant jouir de la vue. Et certes elle commence devant moi comme un beau rivage peint par le Lorrain. Un bois couvre le promontoire ; au sommet seule émerge une énorme bâtisse ronde, couleur brique. La mer brille au-delà immuable. Mais plus loin les terres s’avèrent incertaines ; elles coulissent comme des panneaux, latéralement des marges vers le centre. Je devine au Sud le long bras de la péninsule de Sorrente ; au Nord, les maisons bariolées de Procida. Ah ! mais le point le plus douteux de cette vision de la baie de Naples, c’est l’île de Capri : est-elle là-bas minuscule, intense et rouge, au ras de l’horizon comme le disque du soleil au moment de se coucher ? Ou bien juste derrière, de même forme, deux fois cornue, mais pâle et immense, s’élevant haut dans le ciel ? Je baisse les yeux : un grand oiseau nocturne s’était posé dans l’herbe ; il vient de s’envoler et ses ailes et sa queue bifide ont formé dans l’air une croix avec, au centre, les grands yeux dardés et le bec qui crie.