Les armes de Mars, de Corinth, dans l'exposition qui lui est consacrée par le musée d'Orsay.
Toute la famille est nue. Les garçons ont empoigné les armes éparpillées au sol. L’enfant au premier plan porte l’épée trop grande à deux mains. (J’aime le détail de ses oreilles rouges, peut-être éclairées à revers par la réverbération du métal). Derrière lui, à gauche, le jeune homme penché tient le bouclier debout ; à droite l’autre petit garçon apporte le grand casque à cimier (l’absence de regard désindividualise ces deux-là). Un autre enfant (une petite fille ?) est couché au fond et regarde vers nous. Mais le personnage principal est la femme accroupie au centre. Elle a trouvé un autre usage à tout ce métal et fait des mines : Vénus se mire dans le bouclier de Mars (on ne voit pas l’image reflétée mais elle transparaît à son origine, dans la figure qui s’arrange, miroir d’un miroir). Vénus lève les deux bras et tend un voile rose autour de sa tête inclinée. Sa main gauche, paume et doigts repliés, s’entortille dans le voile ; l’autre peigne les cheveux. Son application coïncide avec le zèle du peintre, dans ce visage que colorent le rose et l’ombre de la parure. L’expression des lèvres molles et vieillissantes hésite peut-être entre coquetterie et inquiétude, à l’image de cette couleur doucereuse mêlée avec la teinte de la chair.