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  • Lecture perdue

    Musser, anhélation, lérot et prosecteur : il y avait ces mots dans le livre que je finissais hier soir. Ils sont dans le dictionnaire ; je me souviens encore de leur définition. Mais quel pouvait bien être le sens des phrases qu'ils interrompaient ?

  • Les Noces de Figaro

    A l'opéra Garnier.

    (En haut de la scène il y a une espèce de grenier, qui ne communique pas avec le seul décor où se déroule l'action. Personne ne s'y promène sauf le « récitativiste » (ce n'est pas un personnage de l'opéra, ce n'est pas un musicien, ce n'est pas un figurant) qui y vient de temps à autre en montant par les coulisses. Dans le grenier il y a des peluches ou des animaux empaillés (daims, moutons, lapins, etc.). Rien ne bouge sauf à la fin. Après le pardon chanté par la Comtesse et le oui général, dans la frénésie qui suit, le récitativiste arrange entre les bêtes un ou deux accouplements).

  • when the woods are red

    (La rougeur des arbres, dans le parc, donne aux premiers jours du printemps quelque chose de l'automne (un automne à l'envers, avec l'accrétion de l'eau en feuillages, sa condensation au lieu de leur dissolution). Elle sera l'occasion de citer les vers de Stevenson et, reflet dans un reflet, d'y lire avril.)

    In Autumn when the woods are red
    And skies are grey and clear,
    The sportsmen seek the wild fowls' bed
    Or follow down the deer;
    And Cupid hunts by haugh and head,
    By riverside and mere,
    I walk, not seeing where I tread
    And keep my heart with fear,
    Sir, have an eye, on where you tread,
    And keep your heart with fear,
    For something lingers here;
    A touch of April not yet dead,
    In Autumn when the woods are red
    And skies are grey and clear.

  • Mozart, Chostakovitch

    Concert au Théâtre des Champs-Elysées.

    C'était, ce soir-là, apparemment plutôt l'anniversaire du second (1906) que du premier (1756).

    (Dans la Symphonie concertante, il n'y avait guère que la fin du mouvement lent, quand par-dessus la sombre pulsation de l'orchestre les voix de l'alto et du violon s'affligent, trop proches pour se consoler, éprouvant sans pouvoir l'apaiser « la langueur goûtée à ce mal d'être deux ».)

    A la fin de l'entracte, le public qui regagne la salle échange des regards gourmands et des coups d’œil faussement horrifiés désignant le nombre d'instruments et de musiciens désormais massés sur la scène. Et la 4ème Symphonie de Chostakovitch tient les promesses de ce rassemblement : non seulement le volume mais la profusion sonore qui contraste avec l'abrutissement volontaire ou l'accablement et le désespoir de la 5ème. Mais le vocabulaire est le même : marches, crescendo, sifflements railleurs, fanfares ambiguës ; un suspens énigmatique fait suite à un fracas en forme de coups de butoir. Ici la fin impressionnante : après les roulements de timbales et les trombones et les trompettes (les éléphants entrent dans l'arène, ou Alexandre dans Babylone), un voile ténu tissé par les cordes et les reflets incertains du célesta

  • Eve au miroir

    Au cinéma, revu Eve de Mankiewicz.

    Contrairement à mon souvenir, ce n'est pas Eve qui dans le plan final salue face au triple miroir.

    Un nouveau personnage entre en scène à la toute fin du film. Une jeune femme s'est glissée en cachette dans la chambre d'hôtel d'Eve Harrington pour approcher son idole. Elle a revêtu un des vêtements étincelants de la star ; elle tient dans les mains le trophée que l'autre vient de recevoir ; elle s'incline, énigmatique, souriant à son reflet multiplié à l'infini dans la glace. La jubilation de l'inconnue, Eve naissante, fait sentir l'amertume de l'Eve réelle, effondrée dans la pièce d'à-côté, déjà indifférente et fatiguée, malgré sa réussite.
    (Les reflets comme figure de la gloire ? ou bien, doubles d'un double, semblables à la cohorte éternelle des Eve qui y aspirent ?)
    Des éclats de cette image parfaite ont été joués par Eve elle-même dans le cours du film : Eve remerciant l'assistance lors de la cérémonie ; Eve faisant la révérence sur la scène du théâtre vide (serrant contre elle le costume de Margo, surprise par une Margo indulgente) ; Eve ayant enfin revêtu les habits de Margo ; Eve monologuant à la fin de la soirée d'anniversaire. (L'image engendre ses précurseurs – de même que la transfiguration, l'extase, qu'elle montre illumine a posteriori la noire détermination du personnage.)

  • Feuilleton 1916

    Au cinéma, Judex de Feuillade (prologue et épisodes 1 à 3).

    Le banquier Favraux est devenu très riche par la ruine de modestes épargnants. Il a une fille qui est veuve et mère d'un petit garçon. Le banquier embauche une institutrice pour son petit-fils ; en réalité, il se cherche une bonne amie. A malin, malin et demi. L'institutrice n'en est pas une, c'est une apache (jouée par Musidora !).

    Un jour un pauvre homme (LE CHEMINEAU DU DESTIN) se présente à la grille du château de Favraux dans les environs de Paris. Il veut parler au banquier. Le vieillard sort de prison où il a passé vingt ans. Favraux a fait son malheur et celui de son fils, introuvable, qui paraît-il aurait mal tourné. Le banquier hausse les épaules. Le vieil homme le maudit et puis s'en va. Sur la route, il est dépassé par la voiture de Favraux qui rentre précipitamment à Paris. La voiture le renverse et ne s'arrête pas, il reste comme mort étendu sur la chaussée.

    Peu après Favraux reçoit une lettre mystérieuse signée Judex. Elle parle des petits épargnants, elle parle du vieillard : elle somme le banquier de donner la moitié de sa fortune à l'Assistance Publique avant le lendemain soir dix heures. Inquiet, Favraux engage un détective privé mais ce dernier manque manifestement d'expérience. Le lendemain tout le monde est réuni au château pour les fiançailles de la Fille Favraux. Entre-temps le banquier a reçu un second avertissement. A dix heures, il lève sa coupe de champagne et...

    (A suivre)

  • Brahms, Beethoven

    Concert à la Salle Gaveau.

    Le Quintette avec piano de Brahms. Sentiment (quoique ici peut-être atténué) que la musique de Brahms a « horreur du vide » ; veut tout calfeutrer, tout couvrir et, posant le papier peint, ne manque pas d'en tapisser également le plafond.

    En seconde partie, le Septuor de Beethoven. L’œuvre est, sauf erreur, loin de toucher au sublime. Mais la façon dont elle est donnée ce soir, menée par le violon et la clarinette, donne comme rarement le plaisir de la maîtrise et du jeu - le violon s'arrêtant juste en deçà du point où la plaisanterie trop prolongée l'isolerait des autres et menacerait l'ensemble.