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  • Dernier instant

    La chasse d'Ascagne, de Claude Lorrain (Ashmolean Museum) :  dans l'exposition "Le Paysage enchanté", au musée Staedler.

    (A gauche Ascagne a engagé la flèche et tendu l’arc. Sur l'autre bord, le cerf apprivoisé s’est tourné vers lui. Le trait éteindra ce regard, annulant la distance qui sépare la proie du chasseur. Le peintre a par son art patiemment établi cette ouverture. Il a composé le paysage, qu'il a traversé lentement comme ces voyageurs que l’on voit là-bas franchir le fleuve sur un pont. Son travail l’a mené de ce sommet à l'horizon, couvert de neige couleur de la toile vierge, par cet estuaire incertain, jusqu’au drame du premier plan. Il s'est approché au plus près de cette limite qu'il ne peut pas atteindre. Le levain de l’aube blanchit le ciel et sa clarté imprègne les feuillages, semble suspendre leur pesanteur et rendre plus légers les arbres qui s’allongent. Mais, au moment où le coup partira et blessera mortellement la bête, le premier rayon du soleil redonnera au monde son poids et ses proportions, et sera fatal à son inachèvement.)

  • La Flûte enchantée

    A l'opéra de Francfort.


    (Particulièrement aimé l’interprète de Pamina : elle chante son Ach, ich fühl’s avec grand calme, lentement, soignant l’articulation, laissant se déployer les phrases sans les presser… on dirait qu’elle prend alors le temps de reconnaître son insupportable douleur et de constater avec une gravité qui engage tout son être que le bonheur est à jamais enfui, que sa vie est perdue.)

  • Effusion

    Vierge, dite de Lucques, par Van Eyck, au musée Staedel de Francfort.

    (Dans le sens de la profondeur, le trône où la Vierge est assise occupe presque toute la largeur de la pièce étroite, pareille au renfoncement d’une chapelle ; la mère tient l’enfant sur son giron, dans l’ouverture du riche manteau rouge qui la couvre; plus bas l’étoffe retombe sans que les plis laissent voir la forme du corps, comme sur le devant d’un autel – nous dit-on.

    Sur les parois latérales, des renfoncements symétriques : ils sont aveugles d’un côté ; de l’autre un vitrage en culs de bouteille laisse passer la lumière. Les récipients rangés dans la niche opposée (un bassin de cuivre, une carafe en verre) semblent la recueillir. Selon le même axe transversal, mais dans le sens inverse de l’éclairage (le principe s’écoule de la droite vers la gauche), la mère allaite son enfant.

    La tendre effusion est cachée en ce point où se joignent les lèvres et le sein de profil. Mais elle trouve un équivalent dans toute la surface de l’œuvre : la peinture y accomplit une autre lactation, adorable pour l’œil, faisant rayonner doucement sous la lumière la soie, les métaux, les pierres précieuses et les chairs, les matières transparentes ou opaques.)