La chasse d'Ascagne, de Claude Lorrain (Ashmolean Museum) : dans l'exposition "Le Paysage enchanté", au musée Staedler.
(A gauche Ascagne a engagé la flèche et tendu l’arc. Sur l'autre bord, le cerf apprivoisé s’est tourné vers lui. Le trait éteindra ce regard, annulant la distance qui sépare la proie du chasseur. Le peintre a par son art patiemment établi cette ouverture. Il a composé le paysage, qu'il a traversé lentement comme ces voyageurs que l’on voit là-bas franchir le fleuve sur un pont. Son travail l’a mené de ce sommet à l'horizon, couvert de neige couleur de la toile vierge, par cet estuaire incertain, jusqu’au drame du premier plan. Il s'est approché au plus près de cette limite qu'il ne peut pas atteindre. Le levain de l’aube blanchit le ciel et sa clarté imprègne les feuillages, semble suspendre leur pesanteur et rendre plus légers les arbres qui s’allongent. Mais, au moment où le coup partira et blessera mortellement la bête, le premier rayon du soleil redonnera au monde son poids et ses proportions, et sera fatal à son inachèvement.)
Commentaires
L'exposition vaut-elle le déplacement ?
Oui... pour moi, en tout cas, avec plusieurs tableaux en provenance des musées allemands ou britanniques que je ne connaissais pas... (et quasi (?) tous absents des récentes expositions parisiennes) et l'intégralité, si j'ai bien compris, des estampes.
Alors que votre note m'a conduit à revoir des reproductions d'oeuvres de Claude le Lorrain , hasard : je sors ce matin d'un rayon "Le tour de la France par deux enfants " de G.Bruno (fac-similé de l'édition de 1977 ) .
Je relis le début , et je tombe sur le ch XXVI : "La modestie - Histoire du peintre Claude le Lorrain " !
Suit une histoire édifiante que raconte au petit Julien Madame Gertrude(pour le guérir (dit-elle à la fin) de sa vanité de premier de classe ):
"Ce petit Claude était le fils de simples domestiques. Dans son enfance , on le croyait presque imbécile, tant son intelligence était lente et tant de peine il avait à apprendre […]resté orphelin, on le mit en apprentissage chez un pâtissier , mais il ne put jamais apprendre à faire de bonne pâtisseries . Son frère aîné , qui était dessinateur , voulut alors lui enseigner le dessin : il ne put y réussir. Enfin , un parent du jeune Claude l'emmena à Rome . […] Le petit Claude fut placé à Rome au service d'un peintre pour apprêter ses repas et aussi pour broyer ses couleurs .[…]
Peu à peu il prit goût à la peinture , et son maître lui donna quelques leçons.
Lorsque Claude venait à sortir de la ville et qu'il parcourait la campagne , il restait des heures entières à regarder les paysages , les arbres , les prairies , le soleil qui s'élevait ou se couchait sur les montagnes .Il se rappelait les paysages de sa chère Lorraine […]
Il travailla beaucoup et devint très riche , car ses tableaux se vendaient à des prix fort élevés . De nos jours , leur valeur n' a fait qu'augmenter avec le temps ,et on estime à un demi-million quatre tableaux de Claude le Lorrain qui ornent aujourd'hui le palais de Saint-Pétersbourg . Ceux que nous avons à Paris , au musée du Louvre , sont d'un prix inestimable ."
Je me demande quels sont ces quatre tableaux du palais de Saint-Pétersbourg qui valent un demi-million...
Le livre de G.Bruno date de 1877 (à l'occasion du centenaire de la parution ,la librairie Belin l'a réèdité avec une postface de J.P. Bardos)
En fait , j'ai trouvé plus de 4 tableaux de Claude Lorrain (certains achetés après 1877 ? ) appartenant au musée de l'Ermitage .
Sur Wikipédia , deux oeuvres sont signalées :
1- Marine avec Apollon et la Sybille de Cunnes, huile sur toile, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg, 99,5 X 127 cm.Entre 1645 et 1650
2- Paysage nocturne avec la lutte de Jacob et l'ange, huile sur toile, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg, 116 X 159 cm.1672
Sur le site : http://participans.blogspot.fr/ :
3-Deux "Port au soleil levant" : l'un de 1634 ; l'autre de 1638 (voir la note note du 17 juin 2011 , avec reproductions )
4-Paysage italien 1648 (?) : voir la note du 5 mai 2011
Enfin , un autre tableau :"Ulysse visitant la cour de Lycomède" est signalé comme appartenant au Musée de l'Ermitage mais je n'en ai pas trouvé trace .
À quels de ces tableaux correspond l'estimation de 1877 , mystère .
L'information a-t-elle été trouvé dans une revue d'Art de l'époque ?
Et s'il est permis de se citer soi-même: le paysage avec la rencontre de Jacob avec Rachel et Léa (ou le Matin), vu récemment dans une exposition à Compiègne :
http://mesbouquinsrefermes.hautetfort.com/archive/2011/11/15/a-l-aube.html
Peut-être, à ce propos, les quatre tableaux sont-ils ceux de la série des Heures du jour, effectivement à l'Ermitage : la Lutte de Jacob et l'Ange (La Nuit), Jacob, Rachel et Lea (le Matin), le Repos pendant la fuite en Egypte (Midi), Tobie et l'ange (le Soir).
Sauf erreur, ces tableaux proviennent de la collection de l'impératrice Joséphine ; ils ont été achetés par le Tsar à ses héritiers après 1815. En 1877, le souvenir de la transaction devait encore être relativement vivace...
Merci pour ces précisions !
Je découvre Claude Lorrain : j'ignorais , par exemple, l'existence de son album "Liber veritatis" avec ses 200 dessins gravés qui ont facilité l'établissement du catalogue de ses oeuvres (à partir de 1636 .