Vierge, dite de Lucques, par Van Eyck, au musée Staedel de Francfort.
(Dans le sens de la profondeur, le trône où la Vierge est assise occupe presque toute la largeur de la pièce étroite, pareille au renfoncement d’une chapelle ; la mère tient l’enfant sur son giron, dans l’ouverture du riche manteau rouge qui la couvre; plus bas l’étoffe retombe sans que les plis laissent voir la forme du corps, comme sur le devant d’un autel – nous dit-on.
Sur les parois latérales, des renfoncements symétriques : ils sont aveugles d’un côté ; de l’autre un vitrage en culs de bouteille laisse passer la lumière. Les récipients rangés dans la niche opposée (un bassin de cuivre, une carafe en verre) semblent la recueillir. Selon le même axe transversal, mais dans le sens inverse de l’éclairage (le principe s’écoule de la droite vers la gauche), la mère allaite son enfant.
La tendre effusion est cachée en ce point où se joignent les lèvres et le sein de profil. Mais elle trouve un équivalent dans toute la surface de l’œuvre : la peinture y accomplit une autre lactation, adorable pour l’œil, faisant rayonner doucement sous la lumière la soie, les métaux, les pierres précieuses et les chairs, les matières transparentes ou opaques.)