...VI
Longtemps ce fut l'été. Une étoile immobile
Dominait les soleils tournants. L'été de nuit
Portait l'été de jour dans ses mains de lumière
Et nous parlions bas, en feuillage de nuit.
L'étoile indifférente ; et l'étrave ; et le clair
Chemin de l'une à l'autre en eaux et ciels tranquilles.
Tout ce qui est bougeait comme un vaisseau qui tourne
Et glisse, et ne sait plus son âme dans la nuit.
(Yves Bonnefoy - Pierre écrite)
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et Frédéric, béant, reconnut Sénécal.
Je m'en vais. Ma contribution à ce carnet s'interrompt quelque temps. A défaut d'images, je recopie dans la note qui suit une page de l'auteur d'Un rêve fait à Mantoue.
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Alternative
Dans la Saga des Sturlungar, régulièrement la même scène sinistre. Se réveiller à l'aube ou un soir, quand les portes sont closes, pour s'apercevoir que la ferme est investie par une bande d'hommes en armes. Alternative : ou bien sortir et se faire massacrer l'un après l'autre sur le seuil ; ou bien brûler vif dans l'incendie allumé par les assaillants. La première solution reste possible tout le temps que la seconde se réalise.
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49th Parallel
Au cinéma, deux films de Powell.
Le 49ème Parallèle : étrange choix, en 1941, d'avoir comme héros un groupe de militaires allemands débarqués d'un sous-marin, pour une promenade macabre mais quasi-touristique à travers le Canada. (C'est par ailleurs l'occasion d'entendre du Vaughan Williams).
Les Contes d'Hoffmann : erreur commune, je rêvais aux contes d'ETA Hoffmann, et puis j'ai eu l'opéra calamiteux d'Offenbach. -
Enigme
En ce moment, dans les salles parisiennes, est rediffusé en début de programme un petit film pour annoncer une "opération" annuelle, quelque chose qui doit s'appeler Paris Cinés. Dans les premiers plans, la caméra balaye le Pont des Arts (je crois), comme on titube. Ensuite il y a le visage de Natacha Régnier, son regard, et ses lèvres qui miment un chant.
Alors je me demande : ce réverbère que j'ai cru voir, juste avant, était-ce le deuxième côté rive droite vers l'aval ?
Mais avec la chanson qui passe, impossible de croire entendre le Lamento della ninfa.
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Rendre hommage
Je voudrais aussi, dans ces notes, rendre hommage à l'homme d'un incommensurable génie que fut Jules Verne.
Mon admiration pour lui est infinie.
Dans certaines pages du Voyage au centre de la terre, de Cinq semaines en ballon, de Vingt mille lieux sous les mers, de De la Terre à la Lune et de Autour de la Lune, de l'Ile Mystérieuse, d'Hector Servadac, il s'est élevé aux plus hautes cimes que puisse atteindre le verbe humain.
J'eus le bonheur d'être reçu une fois par lui à Amiens où je faisais mon service militaire et de pouvoir serrer la main qui avait écrit tant d'œuvres immortelles.
O maître incomparable, soyez béni pour les heures sublimes que j'ai passées toute ma vie à vous lire et à vous relire sans cesse.
(Raymond Roussel in Comment j'ai écrit certains de mes livres ; aucune des œuvres citées n'est postérieure à 1877 ; La Jangada n'est pas mentionnée. Je me souviens d'avoir lu au collège Hector Servadac, en poche. Apparemment n'a pas été réédité. N'y avait-il pas un père et sa fille comme dans Le Marchand de Venise ?). -
Un rêve
Un concert de cordes. Il y a un violoncelle, tenu par ***. Mais où trouve-t-il le temps de répéter ? Les autres musiciens sont deux jeunes filles, deux sœurs. J'identifie mal leurs instruments : violon et alto ? Au moins l'un d'entre eux a une forme peu banale : l'archet est mu par une manivelle. Le procédé rend nécessaire un système incompréhensible de comptage : des plumes noires piquées dans une cible pendue au mur derrière. Ma voisine (dans l'assistance comme dans l'immeuble où j'habite) se plaint à voix haute : on n'entend rien. Effectivement les musiciens se sont très éloignés les uns des autres. D'où nous sommes, c'est à peine si l'oreille perçoit le son du violoncelle. Mais autre chose me préoccupe : ils jouent, je crois, un trio de Beethoven. Or le piano, lui, je l'entends, mais je ne le vois pas.