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  • penser éternellement dans un calme assuré

    Je souffre de grands dommages dans les soins matériels ; mon fleuve se perd dans les sables. Je n'ai presque pas de réserves dans cette immense usurpation de la subsistance journalière sur le temps de la pensée, et je prévois que dans ma vie il me faudra toujours jeter de cette divine proie à la cruelle nécessité. Je me dis bien que le moment viendra où nous commencerons à penser éternellement dans un calme assuré ; mais d'ici là, peiner, se consumer en soins au profit d'une dépouille future, ôter beaucoup à l'esprit pour acheter une place parmi des hommes, hélas !  bien ménagés si je les dis mes étrangers, d'une certaine activité insupportable et d'un niveau désolant : tout cela, c'est une bien grande agonie de l'âme et qui renverse étrangement le sens de ce mot de vie.

    (Guérin, le Cahier vert).

  • Crépuscule

    J'imaginais les lueurs molles et tendres des crépuscules comme des particules douces et bienfaisantes déposées par le fleuve brûlant de lumière qui venait de traverser le ciel. Et je considérais avec un charme profond le ciel se pénétrant avec une mélancolique volupté de ce limon aérien qui le calmait. Je suivais au couchant ce qui se passait en moi dans la même heure, et le soir et moi nous assoupissions dans le même apaisement de douleur.

    (Guérin, le Cahier vert.)

  • Les murailles de Rome

    Toile de Goffredo Wals, dans l'exposition sur le paysage à Rome de 1600 à 1650 "Nature et Idéal", au Grand Palais.

    (Un soleil bas, invisible, éclaire à mi corps les tours de l'enceinte aurélienne ; sous la coiffe de buissons, les lits de brique sont usés par le temps. En contrebas des remparts, l'ombre fait rougeoyer les vêtements de quelques personnages indistincts. Au-delà s'étend un terrain nu, moitié place et moitié route. L'aire est fermée au fond par le mur bas d'une bastide, avec sa tourelle et sa porte close, que la végétation du jardin déborde. L'abandon de cet espace hors les murs, la vacance de l'heure forment l'image d'une ville écartée et quasi orientale dans son éloignement ; ses abords infréquentés ; ses portes mal fermées sur le désert. Accueil ou adieu, un serviteur se prosterne devant un voyageur descendu de cheval ou qui s'apprête à y monter. La lumière rasante fait briller derrière eux quelques points du faîte ou de la paroi de l'enceinte ultérieure ; elle plonge un côté du portail dans l'ombre et blanchit le montant opposé.)

  • Le grand canal de Londres

    Je regarde l'étendue et l'autre rive et ses peupliers. Ce n'est pas la peine d'attendre ici au bord de l'eau. Passée une certaine heure, le canal est vidé. Un bus remplace le bateau ; il roule sur le fond mis à nu carroyé par les dalles de béton. C'est alors qu'on voit combien la pièce d'eau est plus large que profonde. Mais les canaux secondaires restent pleins ; une écluse barre leur embouchure. La voiture longe la rive. Plus haut dans les rochers, on s'arrête près d'une grande tache de graviers rouges qui est l'embarcadère désaffecté. On découvre à l'horizon, par-delà les arbres, le profil des toits et la forme immanquable du dôme de Saint-Paul.

  • Mahler

    Au Théâtre des Champs-Elysées.

    … Et résonne encore la flûte
    Dans la fumée des choses transparentes


    (Le Chant de la Terre est peut-être la première musique que j’ai aimée, il y a bien longtemps, particulièrement « parce qu’on n’y reconnaissait pas le son des instruments » – Au cœur de l’Abschied, l’orchestre est quasi dissous dans le souffle noir issu du grondement du gong ou de l’ébranlement des cordes les plus graves. Mais la flûte résonne encore ; elle fuit et court comme une voix que le pressentiment de son propre silence apeure, et puis cesse.)

  • Noms d'interprètes

    - Karita Mattila dans le rôle titre de l'Arabella de Richard Strauss, sous la direction de Christoph von Dohnanyi, au théâtre du Châtelet en avril 2002 

    - Felicity Lott dans la scène finale du Capriccio de Richard Strauss, à l'opéra Garnier, en mars 1993

    - Waltraud Meier et Ben Heppner dans la prière à la nuit à l'acte 2 de Tristan et Isolde, sous la direction d'Esa-Pekka Salonen, à l'opéra Bastille en avril 2005

    - Matthias Goerne chantant "Wo die schönen Trompeten blasen" de Mahler, avec l'orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach, salle Pleyel, les 22 et 23 octobre 2008

    - Christianne Stotijn chantant "Ich bin der Welt abhanden gekommen" de Mahler, avec l'orchestre national de France sous la direction de Bernard Haitink,  au théâtre des Champs-Elysées le 30 juin 2005 : Und ruh' in einem stillen Gebiet!

    - Ingrid Perruche, dans le rôle de Mélisande, en juin 2004 au musée d'Orsay, disant : Elle ne rit pas… Elle est petite… Elle va pleurer aussi… J'ai pitié d'elle…

    - Cyril Auvity,  le 18 septembre 2004 à la Cité de la musique, dans le rôle de David, à la dernière scène du David et Jonathas de Charpentier, disant : J'ai perdu ce que j'aime / Pour moi tout est perdu

    - Christian Gerhaher chantant le "Doppelgänger" de Schubert, le 18 juin 2009 au musée d'Orsay

    - Anne-Sofie Von Otter chantant les Lieder eines fahrendes Gesellen, le 24 janvier 2006 à la Cité de la Musique, avec le Chamber Orchestra of Europe sous la direction de Marc Minkowski : Und Welt und Traum

     


    Etc. : je passe la main à qui veut...