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  • "La malinconica distesa"

    A S e a E la malinconica distesa delle colline cretacee che cominciano di qui.

    Du projet qui devait transformer l'édifice actuel en transept d'une cathédrale agrandie, il ne reste que le bas-côté droit et le gros du mur de façade. Les constructions ferment à l'est et au sud ce coin de la place du Duomo qu'auraient pu couvrir, au lieu du ciel, les voûtes de la nouvelle nef. (Vu d'en-haut, le plan inachevé donne ainsi une belle image de la réunion des vides et des pleins qui régit la ville édifiée autour de ses places et de ses rues selon un dessein ancien ; comme deux corps qui ont longtemps cherché le sommeil côte à côte,  intérieur et extérieur patiemment et intimement s'accordent.)

    On peut monter au sommet du bâtiment tronqué et voir la cité resserrée devant sa campagne vide. Au nord et à l'ouest, un paysage encore verdoyant ; au sud et à l'est des terres plus arides (je ne sais pas si c'est le pays décrit dans la phrase citée par Yves Bonnefoy). Les parcelles ocres et bombées s'assemblent en collines rapiécées qui vers l'horizon rappellent les champs lointains du paysage peint par Van Eyck dans la Vierge au Chancelier Rollin.

  • Visite

    La route traverse la banlieue. Au-delà les bourgs mangent la campagne. Une rue monte dans un village.

    On se gare en face de l'église. A notre approche une vieille, assise devant la porte, disparaît dans l'entrebâillement. En entrant, on la voit claudiquer jusqu'au deuxième autel de droite. Elle illumine le tableau, s'approche d'un confessionnal et fouille derrière le rideau violet. Elle s'éloigne vers le fond de l'église avec un paquet de feuilles. Revient vers nous, propose sans succès sa brochure. Va s'asseoir un peu plus loin. Pendant tout ce temps elle joue avec sa canne, la heurte lourdement contre les dalles, la range à côté d'elle, frappant et raclant la caisse du banc. Elle soupire.

    C'est une Visitation qui est peinte là. La Vierge est jeune et élégante ; elle a un foulard rose dans les cheveux. Elisabeth est une vieille dame pleine de dignité ; elle porte un voile blanc. Les deux femmes se tiennent embrassées et s'entre-regardent avec une douce sympathie. Derrière elles (qui apparaissent de profil) deux figures debout font face au spectateur, côte à côte, de part et d'autre de la Vierge. L'une jeune, l'autre âgée, elles forment comme un double des deux premières (mais elles n'ont pas d'auréole et les couleurs des vêtements ne sont pas les mêmes). Leur regard absent fixe le vide et semble témoigner, par défaut, de la grâce qui unit les deux saintes femmes.

  • Les découvertes de Sienne

    "En 2001, des ouvriers qui travaillaient à mettre en place le maître-autel découvrirent une salle enfermée dans les fondations de la Cathédrale de Sienne. La construction mise au jour remonte au treizième siècle. La salle d'origine était adossée aux murs du baptistère. Elle avait été couverte de fresques. Puis, les travaux terminés, un changement intervint dans le chantier de la cathédrale ; les voûtes de la salle furent rabaissées, tronquant le haut des fresques. La pièce fut condamnée ; on l'oublia. Abritées de l'air extérieur et du jour, les peintures ont conservé leurs couleurs soutenues. Des scènes de la Passion et de la Résurrection : une Arrestation, une Crucifixion, les saintes femmes au Sépulcre, etc. Leurs personnages, plus grands que nature, se déploient sur les murs avec solennité (...)"

  • Pise

    Majestueux et délicats dans leur cotte de marbre, les trois ou quatre monuments du Campo dei Miracoli trônent sur la pelouse comme des boîtes d'ivoire arrangées sur un tapis. Mais la foule ne se laisse pas éblouir. La Tour penche. Sa réputation suffit à transformer le champ en une fête foraine, en une kermesse où l'herbe rase a des poux. La Tour est un grand huit du treizième siècle, tout en pierre. Mais les sensations qu'elle donne sont subtiles : le plus grand vertige, c'est, quand on y monte, d'être, à chaque révolution du colimaçon intérieur, rejetés par des transitions insensibles successivement vers l'une puis vers l'autre paroi.

  • Poignet

    Que pensent les touristes asiatiques qui le prennent en photo du Persée de Cellini ? (je me demande si la froide figure leur rappelle le masque d'un génie bouddhique). Mais c'est un autre morceau du bronze qui attire : le héros est debout sur le cadavre gisant de Méduse décapitée. Le corps de la Gorgone, les membres tordus, s'inscrit dans un carré superposé au socle de la statue. Un bras seul échappe au reploiement et tombe le long du piédestal. Sous la cassure du poignet, la main continue l'abandon, s'ouvre à demi et paraît plus brillante que le reste du métal, sans doute d'avoir été caressée.

  • Journal

    Samedi : Eglise S. Andrea à Pistoia, chaire de Giovanni Pisano.
    (Dans le Massacre des Innocents, Hérode, vieillard couronné qui trône dans coin, bouche tordue par la colère et la terreur, assailli de têtes affligées, suppliantes ou réprobatrices.
    Dans l'Adoration des Mages, les rois ensevelis dans les longs plis du sommeil surmontés de l'éveil - ange bras tendu qui désigne).

    Dimanche : musée du Bargello à Florence, David, en marbre, de Donatello.
    (Un faux air de Gloria Grahame : sa frêle arrogance, son assurance juvénile, sa force. )

    Dimanche (2) : église Santa Croce à Florence, fresques de Giotto, mort de Saint François.
    (Les bures des moines comme les robes bien charpentées de mouches pour qui les plaies du Saint sont le miel. )

    Mercredi : musée de la Cathédrale de Sienne, statues de Giovanni Pisano.
    (Myriam, soeur de Moïse, telle une sibylle, la nuque tendue et ployée à l'horizontale, la tête tournée hors d'elle. )

    Jeudi : chapelle des Médicis à Florence, statues de Michel-Ange.
    (La face livide du marbre, le visage défait dont la matière se retire, du Penseroso. )

  • Pistoia

    Dans le Duomo de Pistoia, une œuvre attribuée à Lorenzo di Credi (somptueux manteaux de la Vierge et des saints, leurs plis épais comme d'une toile trempée d'argile). Il s'agit du panneau principal du Retable de la Vierge avec Saint Jean et Saint Donat dont un élément de la prédelle, attribué parfois à Léonard de Vinci, est au Louvre.

    [Vinci - draperie pour une figure assise]