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  • Mildred Pierce

    Vu au cinéma le Roman de Mildred Pierce.

    Une maison sur la plage, la nuit. Des coups de feu. L'homme confronté tombe, blessé à mort. Ses lèvres murmurent : Mildred.

    La main de l'assassin est restée dans l'ombre mais les scènes obscures qui suivent désignent encore, tacitement, la même femme, Mildred Pierce. Après son arrestation, le film est construit en flash back, selon l'histoire racontée par Mildred à l'inspecteur de police.
    Le récit commence quelques années plus tôt et rejoint la nuit du meurtre et de l'interrogatoire, et le film s'achève à l'aube ; le mystère est dissipé, le véritable meurtrier a été démasqué.
    Les scènes qui retracent la vie de Mildred donnent une bizarre impression de simultanéité. Comme si au lieu d'embrasser l'espace de plusieurs années, elles se déroulaient toutes à nouveau cette même nuit, dans le commissariat de police où tous les protagonistes ou presque ont été réunis. Le passage du temps n'affecte ni les figures ni les caractères. Les relations et les rôles ont été distribuées une fois pour toutes quasiment au départ : l'ami entreprenant, le séducteur, l'amie dévouée, le bon mari, la fille gâtée, et au centre, immobile à travers les déguisements et le jeu, la star, Joan Crawford.

  • On dangerous ground

    Revu, au cinéma, la Maison dans l'ombre, de Nicholas Ray.

    Le plus beau de son auteur (de ceux que j'ai vus en tout cas), c'est un film coupé en deux par le passage d'un lieu à un autre, par le changement de la lumière : une allégorie réelle, quand les champs couverts de neige remplacent la nuit de la ville.

    Le héros est un homme infecté par le mal qu'il veut combattre. C'est un policier qu'on suit dans son intimité solitaire, dans ses rondes nocturnes avec la patrouille, pendant une arrestation brutale, face à un suspect qu'il fait parler par violence... Après il est tancé par son chef et envoyé à la campagne, où il va enquêter sur le meurtre d'un enfant. Il rejoint le père de la victime qui court les champs, la carabine à la main, et il s'attache à ses pas. Le coupable est repéré. La poursuite commence. Les traces s'interrompent face à une maison isolée. Une femme aveugle y vit. Elle est seule, son jeune frère est absent... (Tout ce cheminement, c'est l'évidence de la chose vue octroyée au rêve).

  • A Valvins

    (...) il n'y a plus de champs et les rues sont vides, je te parlerai de nos meubles.. (Frisson d'hiver).

    Dans la maison de Valvins, où mourut Mallarmé, sont montrés en bonne place (après quels déménagements ?) ces objets qui seraient la pendule de Saxe et le miroir de Venise du poème.

    (Mais aux vitres nulle « ombre singulière » ; et, par la fenêtre, ou derrière les stores éblouis les arbres en fleurs du jardin, ou le désordre des haies au bord du fleuve).

  • Fatigue du biographe

    I did not exert myself to get Dr Johnson to talk, that I might not have the labour of writing down his conversation. (Boswell)

    A l'automne 1773 Samuel Johnson et James Boswell voyagent ensemble dans les Highlands. L'un et l'autre publieront leurs impressions. Johnson consacre son mémoire à une description du pays et de ses habitants rédigée avec le sérieux et le ton de supériorité d'un ethnologue confronté à une peuplade primitive. Cependant, chez Boswell, la matière qui prédomine est Johnson lui-même et les apophtegmes proférés par ce dernier sur les sujets les plus divers, souvent loin de l'Ecosse et des Ecossais, (ça va de la Littérature à la Religion en passant par l'éducation des enfants).

    Le 7 septembre, sur l'île de Skye, les voyageurs sont retenus chez leurs hôtes par le mauvais temps. Boswell est envahi par la mélancolie. Voyage et conversation s'interrompent (et coïncident).

  • "Clair-ruisseau"

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    Già m'avean trasportato i lenti passi
    dentro a la selva antica tanto, ch'io
    non potea rivedere ond' io mi 'ntrassi;

    ed ecco più andar mi tolse un rio,
    che 'nver' sinistra con sue picciole onde
    piegava l'erba che 'n sua ripa uscìo.

    Tutte l'acque che son di qua più monde,
    parrieno avere in sé mistura alcuna
    verso di quella, che nulla nasconde,

    avvegna che si mova bruna bruna
    sotto l'ombra perpetüa, che mai
    raggiar non lascia sole ivi né luna.

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  • Rouge

    Au cinéma. Revu Party Girl.

    Vicky Gaye partage son appartement avec une autre danseuse du Golden Rooster. Un soir elle rentre tard ; la lumière est allumée à côté ; elle appelle : son amie ne répond pas. Vicky pousse la porte entrebâillée, se fige, tombe. Nous voyons, par-delà son évanouissement, ce qu'elle vient de voir, peut-être comme elle l'a vu, basculant, très vite, une image fixe, comme une vision : devant elle, l'eau sanglante du bain, les bras étendus et la tête morte de l'autre (qui dans mon souvenir va se confondre avec la femme tombée aux pieds de Sardanapale.)

  • Ninotchka

    Au cinéma. Revu Ninotchka.

    A l'arrière-plan de la comédie, la pire des Terreurs ; celle où les victimes se rangent d'elles-mêmes contre le poteau d'exécution. Ninotchka s'effondre, mais se relève ; cette fois, la salve n'était qu'un bouchon de champagne.