« Que l'on considère le Dessinateur faisant un portrait, la Cène de 1523 ou les deux Portements de Croix de 1520, on retrouve toujours une même importance accordée aux deux "vues fondamentales" : la face et le profil. Souvent se rencontrent de bizarres combinaisons des deux, tels, par exemple, la figure d'un spectateur qui nous tourne le dos, mais dont le visage et l'une des jambes se montrent de profil, ou le saint Pierre de la Cène, dont le visage est de profil et le corps tout à fait de face ; quant au cinquième apôtre à partir de la gauche, dans la même gravure sur bois, sa pose est si crispée et si schématisée en même temps qu'on a parfois pris son épaule droite pour un coussin. Les exemples les plus significatifs s'observent dans la belle Déposition de Croix, où une vierge Marie de profil contraste avec une Marie-Madeleine de face ; et d'où l'un des porteurs marche parallèlement au plan de l'image, avec le corps et la jambe droite de profil, tandis que son pied gauche et son visage se présentent carrément de face ; et où le porteur de gauche, qui marche à reculons, tourne la tête de profil vers la gauche tandis que ses pieds pointent vers la droite. »
(Panofsky, la Vie et l'Art d'Albrecht Dürer)
(On rêverait d'en apprendre plus sur cette étrange manière "des figures de face ou de profil", dont le chef-d'oeuvre serait la fameuse Visitation de Pontormo à Carmignano).