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Gloire japonaise

« Aucun de mes collègues n'a conquis le laurier de poète à un âge aussi jeune que moi, et si mon compatriote Wolfgang Goethe chante avec complaisance "que le Chinois, d'une main tremblante, peint sur verre Werther et Charlotte", je puis de mon côté, pour continuer sur la même gamme ethnographique, opposer à cette réputation chinoise une réputation plus fabuleuse encore, c'est-à-dire une réputation japonaise. [Un Hollandais retour du Japon, où il avait passé trente ans] me raconta qu'il avait appris l'allemand à un jeune Japonais qui, plus tard, avait fait imprimer une traduction japonaise de mes poésies, et que ç'avait été le premier livre européen qui eût paru dans la langue du Japon. – Le brave Néerlandais ajoutait que je  trouverais du reste sur cette curieuse traduction un long article dans la Revue anglaise de Calcutta. J'envoyai aussitôt dans plusieurs cabinets de lecture, mais aucune des savantes directrices de ces établissements ne put me procurer la Revue de Calcutta, et je me suis adressé non moins vainement à M. Julien et à M. Paultier, ces antagonistes érudits qui ont enrichi la science de deux grandes découvertes : M. Julien, le fameux sinologue, a découvert que M. Paultier ne sait pas le chinois, tandis que M. Pauthier, grand indianiste, a découvert que M. Julien ne sait pas le sanscrit; ils ont publié beaucoup de livres sur ce sujet à la fois très important et très intéressant pour le public.

Depuis lors je n'ai pas pas fait d'autres recherches sur ma gloire japonaise. »

(Heine, De l'Allemagne).

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