Avant de partir revoir Madame Leblanc, je m'arrête devant Madame Marcotte : autant la première, dans mon souvenir, est simple et affable, autant la seconde apparaît compliquée et peu amène. Même l'or de ses bijoux ne brille pas beaucoup alors que le tissu du canapé resplendit. Son caractère lui vient peut-être de sa coiffure impossible : deux mystérieuses tours noires au sommet de la tête et puis deux ailes tout aussi noires, plaquées en haut du front, qui finissent en rouleaux sur les tempes. La ténébreuse involution contamine les ailes du nez et les commissures des lèvres, qui se renfrognent. La robe reproduit le système d'aplanissement et de gonflement de la chevelure, contredisant le corps et la respiration : déprimée au centre, sur la poitrine que sangle une ceinture, et bouffante dans les manches... (Décidément, la merveille des portraits d'Ingres, c'est l'équilibre entre la ressemblance et l'abstraction : les formes simples de la géomètrie courbent la figure, les matières se changent en motifs sans que le portrait disparaisse.)