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Carnaval

Les Estropiés, de Bruegel, au Louvre. Au dos, un proverbe est inscrit : "Estropiés, que vos affaires s'arrangent !".

(Je ne pense pas être grand clerc en faisant un lien entre les estropiés du Louvre et un groupe semblable perdu dans la foule qui constitue le Combat de Carnaval et de Carême, au musée de Vienne. Les cinq personnages infirmes sont rangés à peu près de la même façon, sur deux files parallèles et diagonales. On retrouve d'un tableau à l'autre la plupart des habits et accessoires (capes, grelots, couvre-chef, queues de renard) : mais au Louvre, les queues de renard sont devenues presque générales, fixées sur des tuniques, elles-mêmes enfilées par-dessus les vêtements ; et un des infirmes est coiffé d'une mitre : s'agit-il de simulacres d'ornements ou de manteaux, de déguisements  ? (A Vienne, le groupe est en effet situé sur la gauche, du côté de Carnaval et, nous dit-on : les processions de lépreux et d'infirmes étaient, dans cette période, monnaie courante au point d'être prévues par le calendrier ; cependant, les cinq estropiés ne font pas procession, ils sont tournés deci delà, sans direction ni public). La peinture du Louvre est plus tardive  Une cour herbeuse s'est substituée à la grand place de ville "théâtre du monde" ; au point de fuite, une arche donne sur la campagne ; briques et feuillages renvoient immanquablement au paysage flamand ou brabançon   Le détail est devenu le sujet principal : les infirmes suppléent à l'humanité tout entière. Hormis deux qui nous tournent le dos (et n'apparaissent que sous la forme de paquets de hardes), les protagonistes sont fortement individualisés : les plus proches se dressent sur leurs béquilles et, plutôt que de se battre, semblent se chamailler comme des enfants ; sans pieds, ils s'attaquent avec leurs jambards, qui tiennent lieu de sabots. Derrière eux, un autre se retourne et son cri s'adresse peut-être à eux. Il attire leur attention, comme la nôtre, vers un nouveau personnage, à l'arrière-plan. Ce dernier, extérieur et mal caractérisé (sinon qu'il est ingambe et tient dans la main une sorte d'écuelle) n'existait pas dans la version antérieure. Il quitte la scène emportant ou apportant quelque pitance. Nos estropiés vont-ils sortir de leur querelle ou du marasme pour le suivre ?)

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