Le prince Casamassima est une figure subalterne du roman. Il vit séparé de la princesse mais reste toujours amoureux d’elle. Habitant en Italie, il vient néanmoins de temps en temps à Londres rôder autour de la demeure de sa femme, qui refuse de le voir ; il se contente d’être reçu par Mme Grandoni. (Il faudrait ici faire l’inventaire des visites ; savoir, entre deux personnages, lequel vient voir l’autre est une indication précieuse pour comprendre l’état de leurs relations. Ainsi le désarroi d’Hyacinth quand il découvre la princesse chez les Muniment, à son retour d’Italie).
Il y a un étrange appariement entre le prince et le plébéien Hyacinth. La ressemblance physique est sans doute vague ; tous deux sont pourtant de type « aristocratique » et d’aspect méridional (du point de vue anglo-saxon) : Hyacinthe est à-demi français ; le prince ressemble "au portrait ancien d’un haut personnage de la cour de Naples, du temps de la vice-royauté espagnole". Les convenances veulent que l’aristocrate ignore le roturier. Mais il y a une scène remarquable vers la fin du roman où le prince empoigne violemment le jeune homme pour le forcer à voir ce qu’il voit, comme il le voit. Un soir, le prince a secrètement suivi sa femme dans l’excursion qui la mène chez ses "amis" conspirateurs. Sans attendre son retour, le prince est revenu devant la maison qu’elle habite. Il y rencontre Hyacinthe en visite, se présente à lui et l’emmène en embuscade dans la rue déserte. Une voiture arrive et s’arrête devant la porte :
"They have come back – they have come back! Now you can see – yes, the two!"
(…). Hyacinth felt his arm seized by the Prince, who, hastily, by a strong effort, drew him forward several yards. At this moment a part of the agitation that possessed the unhappy Italian seemed to pass into his own blood; a wave of anxiety rushed through him – anxiety as to the relations of the two persons who had descended from the cab; he had, in short, for several instants, a very exact revelation of the state of feeling of a jealous husband.
Et Hyacinth béant voit entrer chez la princesse son ami Paul Muniment : son mentor dans la carrière de révolutionnaire, celui par qui il a, au sens propre, sacrifié sa vie à la cause.