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Louise et Millicent

A la relecture, je me demande si la dernière vision qu’Hyacinth a de Millicent et de Sholto n’est pas inspirée d’une station dans la série des désillusions qui closent l’Education sentimentale (Il y aurait d’ailleurs, sans doute, bien d’autres parallèles à faire avec le chef-d’œuvre de Flaubert  – ne serait-ce que dans la peinture des milieux révolutionnaires). 

Ayant rompu avec Mme Dambreuse, Frédéric retourne à Nogent ; sur le bateau, il se prend à rêver à son amie d’enfance, Louise ("elle était si bonne"). Arrivé à destination, il se met à sa recherche :

La cloche de Saint-Laurent tintait ; et il y avait sur la place, devant l’église, un rassemblement de pauvres, avec une calèche, la seule du pays (celle qui servait pour les noces), quand, sous le portail, tout à coup, dans un flot de bourgeois en cravate blanche, deux nouveaux mariés parurent.
Il se crut halluciné. Mais non ! C’était bien elle, Louise couverte d’un voile blanc qui tombait de ses cheveux rouges à ses talons ; et c’était bien lui, Deslauriers ! — portant un habit bleu brodé d’argent, un costume de préfet. Pourquoi donc ?

On constatera que James a repris la technique de Flaubert (selon le principe du regard : ce qui est vu est vu par quelqu’un) en y donnant un tour de vis supplémentaire, qui lui est propre (le regard spéculaire : Hyacinth voit, voit qu’il est vu, et comprend alors etc.).

(En l’occurrence la différence de traitement des "intrigues" dans The Princess Casamassima s’apparente à la façon dont sont rendues dans l’Education Sentimentale d’un côté la passion de Frédéric pour Mme Arnoux (Hyacinth et la princesse Casamassima), de l’autre les amours de M. Arnoux (Sholto et Millicent), dont le niais Frédéric est le témoin obtus. Dans le premier cas, la vision des événements répond à la compréhension qu’en ont les personnages ; dans le second, le récit rend compte d’éclats visibles, le héros n’a qu’une intelligence limitée du tout.)

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